Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/124

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n’est pas le contraire d’être contenu. Et d’ailleurs, peu importe ; l’essentiel, c’est ce qui s’opère dans l’œuf après cette introduction accomplie de l’agitateur mâle. Qu’est-ce ? On n’en peut rien dire, si ce n’est, en gros, et métaphoriquement, qu’il y a la rencontre et interférence de deux rayons héréditaires, de deux lignées qui, s’entr’altérant, vont s’ingénier à se mettre d’accord sur un nouveau plan de vie spécifique. Dans le germe fécondé, en d’autres termes, deux séries différentes, mais nullement contraires, de générations successives, ont débouché ensemble et se sont coadaptées à la production d’une harmonie nouvelle, d’une modulation nouvelle du type commun.


Peut-être, à ce point de vue, la fécondation n’est-elle qu’un cas singulier de ce qu’on appelle l’adaptation. Elle ne diffère de celle-ci que comme le complexe diffère du simple, le réciproque de l’unilatéral. Toute sa vie l’individu vivant s’adapte ou plutôt adapte à sa fin propre le milieu extérieur, c’est-à-dire l’ensemble des circonstances de sol, de climat, de faune et de flore, avec lesquelles le hasard l’a mis en contact. Cette rencontre de la vie avec la non-vie (ou avec des vies envisagées sous des rapports non vitaux), n’est pas une opposition le moins du monde et est la source de toutes les variations autres que celles, tout autrement profondes du reste, qui sont suscitées par la rencontre de la vie avec la vie. Ici, chacune des deux vies est par rapport à l’autre un milieu, non pas extérieur, mais intime, que l’autre tâche d’adapter à sa fin,

    que, lorsque le spermatozoïde s’approche, affamé, de l’œuf bien nourri, « celui-ci pousse fréquemment à sa rencontre un petit cône d’attraction. » (Geddes et Thompson, d’après Rolph.)