Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/125

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et la difficulté se résout par la découverte d’une voie encore non frayée (fata viam inveniunt) qui leur permet de s’utiliser réciproquement.


II

Il y a donc deux sources de variations vivantes : l’une continue et secondaire, l’autre intermittente et capitale, l’adaptation et la fécondation, et l’une et l’autre sont des rencontres où viennent aboutir tous les rythmes et toutes les symétries de la vie. Mais, à vrai dire, la rencontre ici, le fait accidentel, n’est que la condition de la mise en exercice et du réveil d’un principe harmonisateur que nulle coïncidence fortuite n’expliquera. Or il est à remarquer ou à rappeler que la production des variations individuelles est le nœud, le hic, de la genèse des espèces, comme Darwin l’a bien senti ; et que la genèse de nouvelles espèces vivantes est, en somme, ou paraît être, la fin finale de la vie, jusqu’à l’homme du moins ; car, à partir de l’homme, la vie semble tendre plutôt au déploiement et au rajeunissement progressif du type humain par la genèse de nouvelles espèces sociales. Ces variations individuelles ou ces altérations spécifiques, ces rééditions plus ou moins refondues ou ces refontes plus ou moins complètes de l’espèce, ces réadaptations toujours, sont la raison d’être manifeste de toutes les monotonies vitales, dont la perpétuité, sans la nouveauté incessante de ces harmonies, n’aurait aucun sens[1].

  1. Faisons remarquer, en passant, que la difficulté est aussi grande ; au fond, d’expliquer la moindre variation individuelle que la genèse d’une espèce. Si