Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/128

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entrevue de sa virtualité infinie, il importe à toute chose de ne pas rester stationnaire, et l’équilibre ne lui est bon qu’à lui permettre de marcher vers ce fantôme. Le normal est simplement la condition de l’idéal. Or celui-ci n’est atteint ou plutôt n’est poursuivi que par l’accord de légères différences.

— La doctrine homéopathique est un frappant exemple des erreurs ou peut conduire la prédilection innée de l’esprit humain pour les idées de similitude et d’opposition, au détriment de la simple idée de différence. On croit généralement que les écrits d’Hahnemann sont surtout dirigés contre la médecine qui consiste à ordonner pour remèdes des substances dont les effets sur l’organisme sont ou paraissent précisément l’opposé des effets apparents de la maladie. Ce n’est pas tout à fait exact. Bien qu’il combatte cette dernière méthode sous le nom de méthode des palliatifs, il lui laisse sa petite efficacité. Mais ce qu’il écrase de tout son dédain, c’est la médication à l’usage de tous les médecins, anciens et modernes, allopathes ou soi-disant homéopathes, qui ont guéri ou guérissent encore leurs malades par l’emploi de médicaments dont les effets ne sont ni semblables ni contraires aux symptômes morbides et en diffèrent simplement[1]. C’est cependant en la pratiquant, cette médication dédaignée, qu’Hahnemann

  1. Voir son Organon : « La troisième manière d’employer des remèdes est la méthode allopathique, c’est-à-dire celle où l’on donne des remèdes qui produisent des symptômes qui n’ont aucun rapport à l’état de la maladie, n’étant ni semblables ni opposés aux symptômes de celle-ci, mais tout à fait hétérogènes... Cette méthode, usitée de tout temps, mérite à peine qu’on s’en occupe, ł Et ailleurs : « Pour anéantir les symptômes d’une maladie, il faut chercher un médicament qui puisse produire des symptômes semblables ou opposés à ceux de la maladie naturelle... »