Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/165

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VI

Mais il est temps de conclure ce trop long chapitre. De même que toutes les autres règles gouvernementales des phénomènes, soit physiques, soit sociales, la Vie, nous venons de le voir, aime l’ordre, le rythme et même la symétrie, la lutte aussi, — enfin toutes les formes possibles de l’Opposition - mais seulement comme moyen de gouvernement. Il est vrai que le plus clair résultat de cet effort est l’exploitation la plus large et la plus éclatante mise en relief de la Différence universelle. Mais la Vie, non plus que les autres forces directrices, ne songe à cela ou n’a l’air d’y songer. Maintenant, rappelons-nous que, suivant le mot de Bossuet, « l’ordre est ami de la Raison et son propre et unique objet ; ce qui nous donnera lieu de penser que la Vie est, en somme, une espèce de Raison, mère de notre Raison, de notre Logique humaine, et qu’elle est, comme celle-ci, une expression originale de l’universelle ambition.

— Encore une remarque cependant. À mesure que les actions du dehors et les rebellions de ses propres éléments contraignent la vie au sacrifice de cette régularité pleine, exclusive de toute différence, qui est réalisée par la sphère, il ne faudrait pas croire que la symétrie perdît au change. À une symétrie complète mais vague, plutôt virtuelle que réelle, s’est substituée une symétrie complète plus étroite et plus forte. La bilatéralité des mammifères, par exemple, est une sorte d’étau où les différences de configuration nécessitées par l’accommodation au dehors sont contenues dans des