Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/382

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vocable précédemment usité. — Une religion progresse quand de nouveaux docteurs et de nouveaux saints y insèrent des dogmes et des exemples qui fortifient le système des anciens dogmes ou la finalité générale du culte et de la morale religieuse ; et ce n’est pas à cela qu’ont servi les flots de sang versés dans les guerres de religion. — Une science progresse quand une nouvelle vérité d’expérience ou d’observation y est révélée, qui confirme les autres et s’y ajoute ; et, si grands que soient les noms de Descartes, de Newton, de Leibniz, de Pasteur, ce ne sont pas les longues polémiques des cartésiens et des newtoniens a propos de l’attraction, de Newton et de Leibniz au sujet du calcul infinitésimal, des newtoniens encore et des disciples de Hooke ou de Huyghens au sujet de l’ondulation, de Pasteur et de Pouchet au sujet de la génération spontanée, qui ont fait avancer les mathématiques, l’astronomie, la physique, l’histoire naturelle ; mais ce sont les découvertes de faits qui ont mis fin à ces discussions en venant grossir le trésor séculaire des vérités démontrées. La question, il est vrai, peut s’élever de savoir dans certains cas si, sans ces disputes qui ont surexcité les amours-propres, les expériences difficiles qui ont fait découvrir ces faits décisifs auraient été tentées ; mais, en aucun cas il n’apparaît que, sans ces disputes, ces expériences, occasionnées non causées par elles, n’auraient pu avoir lieu, et, dans beaucoup de cas, on sait que, sans nulle querelle, des expériences ou des observations non moins révélatrices se sont produites au cours du développement des sciences. — Un droit progresse quand de nouvelles lois ou de nouvelles pratiques, complétant les anciennes ou les expliquant,