Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/59

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malheur, avec une grande force, par la rapidité et l’actualité de ses informations, par la simultanéité de ses multiples excitations en sens contraires, l’engin social qui a le plus contribué à amener en philosophie, dans la science, dans les lettres, en religion, le résultat inverse, grâce à la diffusion des connaissances et à l’éparpillement des curiosités ; je veux dire la presse. Mais espérons qu’un jour viendra peut-être où la préoccupation générale des questions sociales, bien plus propres par leur complexité à morceler et à émietter l’opinion qu’à la scinder en deux parties seulement, du moins après que la question du socialisme aura traversé sa phase aiguë, reléguera à l’arrière-plan les affaires secondaires du contentieux politique. Celles-ci n’intéresseront plus qu’un public spécial de mandataires de la nation, enfermés dans une salle, pareille en cela aux affaires du contentieux judiciaire, qui, nées aussi et résolues au jour le jour, font peu de bruit hors des prétoires. La Gazette des Chambres alors pourra bien être lue à peu près comme l’est à présent la Gazette des Tribunaux.


III

La classification précédente, toute formelle, a été dressée sans égard à la nature propre des oppositions, à leur matière. Entrons un peu mieux dans l’intimité de notre sujet, et, pour cela, créons de nouvelles distinctions. Nous diviserons les oppositions en deux grandes classes : les qualitatives (ou sérielles) et les quantitatives. Et nous subdiviserons ces dernières