Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/77

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le groupe ethnique primitif, clan ou tribu, nombre concret et vivant de variétés individuelles, où le même type s’est édité en se diversifiant. Quand deux races humaines, variations du même type humain, viennent à s’allier, le métis qui naît de leur union est, en quelque sorte, leur totalité abrégée, condensée ; et l’on peut le regarder comme un nouveau thème, susceptible de varier aussi. On voit par là que la coadaptation des variations est le genre dont l’addition des répétitions - la première opération de l’arithmétique, — n’est qu’une espèce très particulière. Étymologiquement, ajouter vient d’ajuster. Le rapport des parties au tout est un cas spécial du rapport général des organes à l’organisme, des moyens à la fin. En un mot, l’addition est l’accouplement le plus simple qui se puisse concevoir.

La soustraction est une amputation, ou, si le reste est zéro, un homicide. Ces opérations que nous faisons sur les nom bres, en effet, sont le schéma de celles que nous observons dans les rapports mutuels des variations d’un même type réel, et spécialement d’un type vivant. — Outre le fait de s’accoupler et le fait de se tuer, quel rapport encore peuvent avoir deux êtres vivants ? L’un peut posséder l’autre, par exemple le maître l’esclave. Et quel rapport analogue peuvent avoir, dans le même individu, deux variations différentes (le caractère de son père, par exemple, et celui de sa mère) dont il est la combinaison ? L’un peut s’asservir et s’assujettir l’autre ; l’un est le sujet dont l’autre est l’attribut. On ne manquera pas, en effet, de remarquer l’analogie, au fond, entre les relations du maître à l’esclave, ou aussi bien du maître au disciple, du modèle au copiste, et la relation du substantif à l’adjectif : deux relations