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l’orateur » est donc un non sens. Qu’on dise, soit « M. le président, » ou bien « M. le speaker. »

On dit : « un membre de la chambre, » mais « le membre pour tel comté » est un anglicisme. C’est « député de tel comté » qu’il faut.

« J’ai le plancher de la chambre, » voilà un anglicisme tellement énorme que je ne l’aurais pas cru possible si je ne l’avais entendu dans la bouche de députés qui se piquent de bien parler. Ceux qui veulent se distinguer, les ministres ou les chefs de l’opposition, par exemple, disent « parquet » au lieu de « plancher, » mais ce n’est pas plus français. Savez-vous ce qu’un député veut dire lorsqu’il informe ses collègues et le public qu’il a le « plancher » ou le « parquet » ? Si vous connaissez la langue de Shakespeare, vous pourrez le deviner peut-être ; sinon, non. Au parlement anglais, on ne monte pas à la tribune, comme en France, pour prendre la parole ; on se tient debout sur le plancher ou parquet. De là l’expression anglaise To have the floor, que nos législateurs ont traduit par « avoir le plancher, » au lieu de « avoir la parole. »

Dans notre langage parlementaire « donner un vote silencieux — To give a silent vote, » veut dire : voter sur une question sans parler. Cette expression me paraît médiocrement française. Un vote non motivé rendrait mieux l’idée que l’on veut exprimer.

« Mesure, » dans le sens de « projet de loi, » n’est pas français du tout. On fait souvent usage du mot « bill, » expression peu élégante et qui fournit trop d’occasions aux calembouristes d’exercer leur terrible métier. Pourquoi ne pas employer le mot