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LA LANGUE FRANÇAISE

“ Dans le nord de la France, on connaît les sons aigus et les sons graves ; mais on les place souvent à sens inverse de la bonne prononciation. J’ai souvent entendu dire : Nôtre père pour notre père ; le votre pour le vôtre ; cotte, cotté pour côte, côté ; Pôle pour Paul ; heume pour homme ; lâ fâce pour la face ; ve, je pour vœu, jeu ; et religieux, religieuse, etc., avec le même son aigu. Ces défauts varient d’un canton à l’autre. Les personnes instruites et de bonne compagnie n’en sont pas exemptes. ”

Le P. de Charlevoix, Jésuite parisien après deux voyages au Canada, disait, en 1722, dans son Histoire de la Nouvelle-France :

“ Nulle part ailleurs on ne parle plus purement notre langue. On ne remarque même, ici, aucun accent. ”

“ Le Père Charlevoix, ” dit M. Bellay, journaliste français, arrivé depuis peu au Canada (voir son article sur l’Enseignement des Pères Jésuites au Canada, Revue Canadienne d’octobre 1891), ajoute qu’à cette époque il y avait déjà à Québec “ un petit monde choisi où il ne manque rien de ce qui peut former une société agréable ; l’esprit enjoué, les manières douces et polies sont com-