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MÉLANGES

Au Canada, la franc-maçonnerie se donne pour une société purement de bienfaisance, et beaucoup de bonnes âmes y croient ou feignent d’y croire. Et pendant ce temps la secte travaille activement à remplir les bureaux publics de ses affiliés, à se glisser partout et à faire pénétrer son esprit dans notre législation.


17 décembre 1881

Nous avons vu que dans son rapport fait au congrès des jurisconsultes catholiques de Lyon, M. Robinet de Cléry a dénoncé la Franc-Maçonnerie comme le grand péril social des temps modernes.

On s’étonne quelque fois de voir les princes et les rois mêmes s’affilier aux sociétés secrètes, et l’on ajoute : Puisque ces grands personnages ne craignent pas de faire partie de la Franc-Maçonnerie, c’est que cette société ne travaille pas au renversement du trône. L’exemple du prince de Galles, qui, on le sait, est le grand chef des francs-maçons d’Angleterre, est souvent cité comme une preuve que la secte est inoffensive, politiquement parlant du moins. Écoutez ce que dit, à ce sujet, un franc-maçon, M. Louis Blanc :

À la veille de la Révolution française, dit-il, la Franc-Maçonnerie se trouvait avoir pris un développement immense. Dans l’Europe entière, elle secondait le génie méditatif de l’Allemagne, agitait sourdement la France et présentait partout l’image d’une société fondée sur des principes contraires à ceux de la société civile. Il plut à des souverains, au Grand Frédéric, de prendre la truelle et de ceindre le tablier. L’existence des hauts grades leur étant soigneusement dérobée, ils savaient seulement de la Franc-Maçonnerie ce qu’on pouvait montrer sans péril. Mais en ces matières, la comédie touche au drame ; et il arriva, par une juste et remarquable dispensation de la Providence, que les plus orgueilleux contempteurs du peuple furent amenés à couvrir de leur nom, à servir aveuglément de leur influence les entreprises latente dirigées contre eux-mêmes.