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OU RECUEIL D’ÉTUDES

catholique ait sérieusement médité de le mettre à exécution. Cela rappelle les plus mauvais jours de l’antique césarisme païen où le pouvoir civil prétendait exercer un droit sans bornes sur l’individu et la famille. Cela rappelle aussi les détestables doctrines des athées modernes, des Paul Bert, des Jules Ferry, qui ne veulent d’autre Dieu que le dieu-État.

M. Rouleau répondra, peut-être, qu’il n’y a pas d’inconvénient à confier un pouvoir absolu au surintendant actuel, qu’il ne s’en servirait que pour le plus grand bien du pays. Quand bien même cela serait — ce que nous n’admettons nullement — ce projet n’en serait pas moins mauvais. Car qui peut nous dire que demain nous n’aurons pas pour surintendant un esprit fort, un libre-penseur déclaré ? Et alors où en serions-nous avec le système de M. Rouleau ?

M. Rouleau trouve que nos bons cultivateurs sont bien ignorants, bien arriérés. Hélas ! trois fois hélas ! ce ne sont pas les habitants de nos campagnes qui sont les véritables arriérés, ce ne sont pas eux dont l’éducation est tout à faire. Quand ils seront convaincus de la nécessité de mieux cultiver, de mieux entretenir leurs chemins et de travailler avec plus d’ardeur à la colonisation — et ils s’en convainquent de plus en plus chaque jour — ils n’auront rien à envier aux autres peuples, au contraire. Mais ce qui est déplorable chez nous, c’est l’ignorance de la classe dite instruite, ce sont les fausses doctrines, les idées malsaines dont elle est pétrie. Voilà notre mal : n’allons pas le chercher ailleurs.


28 janvier 1882


M. Chs. B. Rouleau, magistrat de district, ancien inspecteur d’écoles et correspondant de la Minerve, déclare que l’instruction obligatoire est « la pierre philosophale de l’avenir de notre province. » Ce sont ses propres paroles que nous avons déjà citées dans