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POUR LA PATRIE

courir au devant d’une mort certaine. Il s’agit de sauver tout un pays et je n’aurais pas le droit d’exposer mon honneur !

— Pour un homme de cœur, fit Houghton, l’honneur est un bien plus précieux que la vie… et vous voulez l’exposer ! C’est un acte vraiment héroïque devant lequel je reculerais certainement moi-même, mais que j’admire.

— Mais ce terrible risque, reprit Leverdier, est-il nécessaire, est-il même utile ? Ne vaudrait-il pas mieux, après tout, laisser voter la deuxième lecture, puisque nous ne pouvons guère plus la retarder par les moyens ordinaires, et prolonger la discussion autant que possible en comité et sur la troisième lecture ?

— Quelque chose qui n’est pas naturel, répondit Lamirande d’un ton grave, quelque chose de solennel et d’impératif, me dit que nous aurons besoin, plus tard, de tous les délais que pourront nous donner ces deux phases de la discussion. C’est un avertissement auquel je n’ose résister… Vous croyez tous deux au surnaturel, à l’existence des esprits, à leur pouvoir de communiquer directement avec l’âme. Eh bien ! c’est à un message d’en haut que j’obéis… Mon Dieu ! si vous saviez