Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
315
POUR LA PATRIE

tériel, demanda du délai. Quelques députés ministériels français, qui avaient remarqué l’effet produit sur Montarval par l’accusation, eurent des inquiétudes. « Si c’était vrai, après tout, » se disaient-ils. Ils insistèrent donc, à leur tour, sur la nécessité de surseoir. Ces débats occupèrent toute la séance, et le gouvernement dû céder.

C’était un premier succès pour Lamirande : il avait gagné du temps, mais à quel prix !

C’était le jeudi soir. Le lendemain, le comité se réunirait. Il pourrait, sans paraître trop exigeant, demander qu’on lui accordât jusqu’au lundi, pour préparer sa cause. Mais rendu au lundi, il lui faudrait ou procéder ou avouer qu’il n’avait pas de preuve à offrir ! Ce n’était pas seulement l’expulsion de la Chambre, le déshonneur politique qui l’attendait. Il allait devenir la risée de tout le pays. Il passerait pour un véritable fou aux yeux de tout le monde.

Pour affronter le mauvais vouloir, la colère, la haine de ses semblables, il suffit d’un courage ordinaire ; mais s’exposer, de propos délibéré, au ridicule, c’est de l’héroïsme. Aussi Lamirande se sentit-il accablé d’une angoisse