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Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/100

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L’ÉLECTION DES PAPES.

La hiérarchie de l’Église catholique n’est fermée à aucune classe d’hommes. Combien de fois n’a-t-on pas vu les fils de parents obscurs revêtir la pourpre, s’asseoir même sur le trône de Pierre ?

Mais l’Église a horreur de la mauvaise démocratie, de la démocratie turbulente, impie, révolutionnaire, de la démocratie moderne, que les sociétés secrètes ont corrompue. Et si, dans les premiers temps, elle confiait au peuple une part dans le choix du Souverain-Pontife, c’est qu’alors le peuple était saint et animé de l’esprit de Dieu.

L’élection du Pape se fit avec le concours des fidèles jusqu’au milieu du onzième siècle. À cette époque, Grégoire, comte de Tusculum, installa Benoît X sur la chaire de saint Pierre. Ce fut alors que le vaillant Hildebrand, plus tard saint Grégoire VII, convoqua le clergé, et que Nicolas II fut élu pape en suivant les formes prescrites jusque-là pour le choix des souverains pontifes. Cette élection eut lieu à Sienne et l’intrus Benoît X fut sommé de comparaître devant le pape Nicolas II pour rendre compte de sa conduite. Il ne se conforma pas à cet ordre et passa en Allemagne. Nicolas II se rendit à Rome où il fut reçu avec joie.

Pour éviter, à l’avenir, de semblables difficultés, le pape Nicolas II convoqua, trois mois après son élévation au suprême pontificat, le concile romain qui d’ordinaire se réunissait tous les ans dans la basilique de Latran. Dans ce concile, on décréta que les cardinaux seuls éliraient désormais les papes. On ajoutait toutefois au collége des cardinaux le roi germanique, plus tard empereur. « Les vénérables cardinaux, disait le décret, seront avec notre cher fils Henri, (roi de Germanie) les seuls promoteurs de l’élection du pape ; les autres suivront docilement. »

Sous Alexandre III, qui régna de 1159 à 1181 il y eut successivement trois anti-papes. Pour empêcher le renouvellement de ces désordres, ce pape fit porter au onzième concile général, tenu à Latran, en 1179, un décret confiant aux seuls cardinaux la nomination du Souverain-Pontife et exigeant les deux tiers des suffrages du sacré Collége.

Grégoire X ordonna, en 1274, que les cardinaux assemblés pour élire le pape occuperaient un seul appartement dans le même palais. Clément V, en 1311, et Grégoire XV en 1621 et en 1622 mirent la dernière main aux lois qui régissent l’élection des papes, lois qui sont un chef-d’œuvre de l’esprit humain, et depuis près de trois siècles que les conclaves se tiennent d’après ces prescriptions, il ne s’est pas élevé une voix pour modifier cet ensemble de règles qui bravent la critique la plus sévère.