Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/93

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Pontife ; aujourd’hui témoin de ses souffrances et du désespoir de ses fidèles. Est-il possible que cette vie s’éteigne !

“Les paroles les plus édifiantes de soulagement étaient murmurées à l’oreille du mourant par les cardinaux, les prières se succédaient et invoquaient le trésor des miséricordes divines sur sa tête bien-aimée. Toutes les antichambres étaient remplies d’hommes priant et pleurant.

“Mais le moment fatal s’approchait à grands pas. À cinq heures et demie le cardinal Bilio commençait la récitation des mystères douloureux. Il n’avait pas achevé que le râle s’éteignit, une larme brillait sur les yeux à jamais voilés de Pie IX. Le grand pénitencier prononçait la dernière absolution et la pendule placée à côté du lit sonnait lentement l’heure à laquelle le grand Pape brisaient les chaînes de sa captivité pour s’envoler au céleste séjour. C’était l’heure de l’Ave Maria. Touchante coïncidence que Dieu a voulue, comme si la Vierge venait à son heure, à elle, au devant de celui qui l’a exaltée et déclarée Immaculée. Quel moment solennel et triste et inénarrable ! Le cardinal Bilio, debout, maîtrisant son émotion, a dit alors d’une voix forte : Requiem œternam dona ei Domine. On n’avait plus à contenir les larmes et les sanglots, chacun s’est abandonné à sa douleur. Les cardinaux, les prêtres, les gardes, les serviteurs se sont empressés autour du Pontife, sur les lèvres duquel la mort, ou plutôt l’éternelle vie venait de poser le sourire qui nous charma durant trente-deux ans. Et tous ont baisé pieusement ces belles mains qui nous bénirent si souvent.”

Voici maintenant le certificat que les médecins ont rédigé immédiatement après le décès du Saint-Père.

“Nous soussignés attestons que Sa Sainteté N. S. P. le Pape Pie IX, depuis longtemps déjà affecté d’une bronchite lente, a cessé de vivre par paralysie pulmonaire, ce jourd’hui, 7 février, à cinq heures quarante-cinq minutes du soir.

“Docteur Antonini, médecin, Ceccarelli, chirurgien, Pecconi et Topai, assistants.”

Le corps, lavé par les pénitenciers, fut disposé sur sa modeste couche par le professeur Ceccarelli et transporté dans une chambre qui se trouve entre la chambre à coucher du Pape et la salle du trône ; là il fut confié aux gardes nobles.

A onze heures, a. m., le 9 février, les portes de la chambre qui communique avec la salle du trône furent ouvertes, et les prélats, les officiers de la cour, de nombreux fidèles ont pu s’agenouiller au pied du petit lit de fer sur lequel dormait le Pape durant sa vie et sur lequel il semblait dormir encore.