Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous lui remettrons en mains l’acte de son bienfait ! Ah ! mon doux ami, ai-je besoin de ses présents pour t’aimer ! — J’allais mourir, s’écria Guillaume ; vous me rendez la vie. »

Il courut aussitôt chez l’oncle et le supplia de seconder son amour, sans lui avouer cependant qu’il était aimé de la demoiselle. « Votre choix ne mérite que des éloges, répondit celui-ci ; je connais beaucoup votre mie, elle est charmante, soyez tranquille, je me charge de l’obtenir de son père, et je vais de ce pas la lui demander. » En effet, il monta aussitôt à cheval. Guillaume, transporté de joie, partit de son côté pour Galardon où était annoncé un tournoi qui devait durer deux jours. Pendant toute la route il ne s’occupa que du bonheur qu’il allait enfin goûter. Hélas ! il ne soupçonnait guère qu’on songeait à le trahir.

L’oncle fut reçu par le père à son ordinaire ; on se mit à table, où tout en buvant l’un à l’autre, les deux vieillards racontèrent leurs antiques prouesses en amour et en chevalerie. Mais quand on eut desservi et que tout le monde se fut retiré : « Mon vieil ami, dit le seigneur de Médot, je suis garçon et m’ennuie de vivre seul ; vous allez bientôt marier votre fille et vous trouver de même. Acceptez une proposition que j’ai à vous faire : accordez-moi Nina ; je lui abandonne tout mon bien, je viens demeurer avec vous et ne vous quitte plus jusqu’à la mort. » Cette proposition enchanta le père ; après avoir embrassé son vieux gendre, il fit venir sa fille, à laquelle il annonça l’arrangement funeste qu’ils venaient de conclure ensemble.

Si la demoiselle fut consternée, je vous le laisse à