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LE CHEMIN DE FER

Comme on ne doit pas calculer la distance depuis Ottawa jusqu’au Pacifique, et que le parcours est évalué à environ 2,500 milles, il faut réduire l’estimation du coût, en prenant les calculs de M. Waddington pour base, à un total d’environ 115,000,000 $.

L’évaluation de M. Waddington est un peu moins élevée que celle de M. Fleeming, si l’on tient compte de la différence des distances sur lesquelles ils se sont basés. Cependant nous sommes porté à croire que M. Waddington a exagéré le coût sur certaines parties de la route.

Ainsi entre le Fort Garry et les Montagnes Rocheuses, une distance d’environ 1 100 milles, s’étend une plaine sans limites qui se déroule avec de douces ondulations, et, qui est, de l’avis de tous les explorateurs, remarquablement avantageuse pour la construction d’un chemin de fer.

L’expérience qu’on a de la construction des chemins de fer en ce pays fait croire que la ligne pourrait se faire sur cette vaste section moyennant 30,000 $, par mille, soit un total de 33,000,000 $ pour 1 100 milles, ou 11,000,000 $ de moins que l’estimation de M. Waddington. Il n’est pas une section du Grand Tronc qui ait été plus coûteuse que celle qui se trouve entre Richmond et Québec, et elle s’est construite à raison de 7,000 £ sterling par mille. Dans cette somme sont compris l’achat du terrain pour la voie permanente, qui ne nous coûtera rien, le matériel roulant et la construction des stations. Le fer n’était pas alors aussi cher qu’à présent, mais comme compensation nous pouvons alléguer que le Grand-Tronc a été construit avec la voie large de cinq pieds 8½ pouces, tandis que le Pacifique se fera avec la voie étroite de 4 pieds pouces, ce qui fait une différence notable dans le coût de construction et du matériel roulant.

L’Intercolonial qui a un parcours de 560 milles, coûtera environ 20,000,000 $ ou plus de 35,000 $ par mille. Or, supposons que le Pacifique se construirait au même prix par mille, nous obtenons pour 2 500 milles un total d’un peu plus de 39,000,000 $. Nous savons bien qu’un chemin de fer ne se construit pas aussi facilement au milieu de régions désertes qu’au sein d’un pays bien peuplé. Ainsi, le transport du matériel, des abris, de l’outillage et des vivres dans nos immenses plaines de l’ouest, coûtera des sommes considérables, car il devra, se faire à des distances très éloignées.

Mais il ne faut pas croire non plus que l’Intercolonial ne traverse qu’une région plane et bien habitée. Il s’avance au milieu de la solitude sur un long parcours et il doit lutter en maints endroits contre des obstacles énormes. Montagnes et ravins, torrents et précipices lui offrent de véritables barrières, qui ne sont franchies