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Page:Tassé - Le chemin de fer canadien du Pacifique, 1872.djvu/31

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CANADIEN DU PACIFIQUE.

qu’après un long et patient travail et des frais considérables. Les entrepreneurs du chemin sont unanimes à dire qu’ils ne s’attendaient pas à de pareilles difficultés. Somme toute, nous croyons que le Pacifique traverse une région d’une constitution physique aussi facile que celle de l’Intercolonial.

Mais admettons que 35 000 $ par mille ne suffiraient pas, en en portant le coût à 40 000 $, — ce qui semble une évaluation raisonnablement élevée — nous obtenons un total de 100 000 000 $ pour une distance de 2 500 milles. C’est là le calcul qui nous paraît le plus se rapprocher de la vérité.

Les 2 000 milles de la ligne américaine formée par l’Union Pacific et le Pacific Central ont coûté en tout environ 200 000 000 $. Mais il ne faut pas oublier à ce sujet un détail important. Cette somme a été payée alors que par suite de la guerre de sécession, le prix de la main-d’œuvre et des matériaux était fort élevé, et que les bons américains étaient tellement dépréciés que ce montant ne représente une valeur de guère plus de 150 000 000 $.

La route américaine avait beaucoup plus de difficultés que la nôtre à surmonter ; nous en avons déjà signalé quelques unes. Ainsi, elle a eu quatre passes de montagnes à franchir à une altitude variant entre 6 000 et 8 000 pieds, lorsque, notre chemin n’en a que deux à traverser à une hauteur de 3 760 pieds au-dessus de la mer dans les Montagnes Rocheuses, et de 2 400 pieds dans la chaîne Cascade.

La compagnie américaine du Pacifique a dû percer le roc dans les Montagnes Rocheuses, la Sierra Nevada et la Wabash, à des altitudes très-élevées, et construire des tunnels interminables extrêmement dispendieux. On a dû creuser dans la Sierra Nevada seule quinze de ces longs souterrains. Il a fallu aussi tailler les rochers et combler les ravins pour ouvrir une voie praticable au milieu de ces massifs montagneux. À certains endroits les rampes ont atteint une élévation de 90 pieds par mille. Le percement de ces montagnes offrait tellement de difficultés que ces ouvrages avaient droit à une subvention du gouvernement des États-Unis de 48 000 $ par mille ; les autres travaux moins difficiles encore obtenaient 32 000 $ par mille, tandis que le reste recevait 16 000 $. Nous sommes loin d’avoir autant d’obstacles à surmonter.

Pour protéger le chemin contre les avalanches de neige qui se détachent des montagnes, la compagnie américaine a dû construire des abris-neige (snow-sheds) sur un parcours d’environ 40 milles, qui ont coûté près de 2 000 000 $. Nous avons déjà établi que notre chemin, quoique situé plus au nord, n’aurait pas à souffrir de la