Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/112

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« Voici, me dit-il, ce que nous allons faire, d’abord nous irons aux eaux chaudes d’Hammam-Righa où je ferai une cure ; M. Lefèvre, homme charmant de qui j’ai fait la connaissance, y viendra avec nous. Quand j’aurai pris le nombre de bains que je jugerai nécessaire, nous partirons avec M. Lefèvre, chasser la panthère dans les forêts de Théniet-el-Haad, où il est le seul à posséder une maison. Vous aurez à soigner le cheval, je pense que vous saurez vous tirer d’affaire ? » Je rassurai mon maître à cet égard…


Le 6 novembre, Monsieur est retenu à Alger pour quelques heures ; je pars seul avec M. Lefèvre, dans sa voiture, pour aller de la gare de Bou-Medfa à Hamman-Righa. La montée est rude, on met souvent le cheval au pas ; M. Lefèvre conduit. Un peu curieux peut-être, mais sûrement très intelligent, il me délie la langue, et, tout en chevauchant sur la route qui serpente et monte toujours, je lui raconte quelques histoires de mon maître, la plupart déjà écrites. Il me complimente de ce que je connaissais si bien l’œuvre du grand écrivain.


Hammam-Righa, le 9 novembre. — Mon maître renonce à la chasse dans les forêts de Théniet-el-Haad. M. Lefèvre part seul, et Monsieur s’obstine à prendre des bains ; mais ces bains sont à une température beaucoup trop élevée, 42 à 44° ; cela lui fait plutôt du mal, il a des nuits très agitées. M. Dufour, patron et propriétaire de l’hôtel, est un homme bien élevé et de bonnes manières ; très prévenant pour son client, il met à sa disposition tout ce qu’il croit pouvoir le distraire… Nous avons un guide remarquable, âgé de dix-neuf ans, le plus fin limier des bois environnants ; il s’appelle Bou-Hyahia, il est cou-