Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/299

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Nous voici fin novembre, Monsieur se plaint, il dit qu’il ressent des douleurs partout. Comme c’est étrange ! Il a maintenant une bonne mine, bien reposée, il a même acquis de l’embonpoint. Souvent il prend des bains à la maison et tous les jours sa douche à l’établissement. Son appétit est satisfaisant et régulier. Il m’a bien dit deux ou trois fois que j’avais salé un peu trop fort ; mais il ne boudait pas le plat pour cela. Il voit maintenant rarement le docteur Gimbert, son médecin habituel de Cannes. Son ami le docteur Georges Daremberg étant installé déjà ici pour la saison, c’est à lui qu’il va conter ses misères. Dans l’ensemble, la situation me paraît bonne, à part les nuits. Jamais mon pauvre maître ne peut goûter un sommeil régulier avant 3 heures du matin. S’il lui arrive de s’endormir avant, je suis toujours sûr qu’à 2 heures, il m’appellera.


6 décembre. — Cette après-midi il va en mer avec le docteur Daremberg, qui est venu aujourd’hui déjeuner chez lui. Ils ont ri en se rappelant des épisodes de leur jeunesse. Je remarquai que le docteur se faisait un plaisir de rappeler subitement à M. de Maupassant certains détails, pour voir s’il y répondrait tout de suite et directement. Mais il en fut pour ses frais, car il ne put prendre une seule fois mon maître au dépourvu.


15 décembre. — Depuis le commencement du mois, nous allons tous les deux ou trois jours à Nice déjeuner chez Madame. Monsieur tient à ce que je l’accompagne pour préparer le repas. « Non pas, dit-il, que la cuisinière de ma mère ne sache point son métier, mais c’est parce que j’ai l’habitude de votre cuisine et que vous avez compris ce qui me convient. »