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PEAU-D’ÂNE.

Dans ce chaos, où l’âme est solitaire,
Cherchez d’abord quelque coin écarté :
De là voyez, comme un mouvant parterre
Le jeune peuple en cadence agité ;
De fraîches fleurs sur leurs tempes descendent,
De doux parfums sur leurs pas se répandent,
De gais accords bercent vos sens émus ;
Puis, tout-à-coup, quelque note furtive
Fait résonner dans votre âme attentive
Un faible écho des jours qui ne sont plus !

Voilà le bal ! du moins quand on y rêve !
Ainsi Peau-d’Âne, aux doux sons du hautbois ;
Sent du passé le flot qui se soulève,
En murmurant : Autrefois !… autrefois !…
Elle se perd dans cette rêverie
Qui des regrets déroule la série
Quand, marche à marche, on remonte le temps ;
Et, mesurant sa hauteur prétendue,
Voit de combien elle était descendue…
Tout change alors à ses yeux mécontens.

« — Ô mes palais, aux longues colonnades,
» Où s’écoulaient mes jours purs et rêveurs !
» Ô mes jardins ! ô mes fraîches cascades !
» Du sort, sans vous, que me sont les faveurs !..
» Ô ma beauté ! ma fortune ignorée !…
« Mais quoi ! déjà de ce monde admirée,
» Ne puis-je enfin révéler qui je suis ?
» Quelle serait la surprise commune