Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

juge qu’il ne doit point se laisser détourner de sa mission plus pratique et qu’il lui vaut mieux avoir affaire dans un autre milieu. Aussitôt Satan, sous l’apparence de l’esprit de sa mère, lui apparaît dans l’état de veille et lui dit : « Mon fils, vous ne pouvez accepter cette offre obligeante ; votre mission est beaucoup plus importante que celle d’un prédicateur de chaire. » Et Hume obéit.

Il resta à Lébanon jusqu’à la fin de janvier 1852. Dans les derniers mois de son séjour dans cette ville, les manifestations spirites redoublèrent de pouvoir, et présentèrent une phase d’un nouveau caractère :

« Des mains invisibles venaient me toucher, écrit-il, ainsi que les autres personnes assises près de moi. Nous sentîmes fréquemment leur contact, et en maintes occasions la main d’un esprit se plaça dans la nôtre d’une façon aussi palpable que si c’eût été une main réelle, quoique parfaitement invisible pour nous. Elle restait tranquillement dans notre main, jusqu’à ce que nous essayions de l’enfermer dans la nôtre ; alors même elle ne se retirait pas, elle s’évanouissait pour ainsi dire à travers nos doigts. »

Les nombreuses séances données par Hume à Springfield, au domicile de Rufus Elmer, eurent alors un grand retentissement. Pendant qu’il était en état de crise, non seulement les tables enchantées quittaient le parquet, s’élevaient dans l’air et y flottaient quelque temps; mais on entendait des décharges terribles qui faisaient osciller le parquet. « On eût dit, rapportent les procès-verbaux, la vibration occasionnée par un tonnerre lointain ou la voix éloignée du canon, qui faisait trembler la table, les chaises, tous les meubles et nous-mêmes, d’une telle manière qu’on en sentait et voyait nettement les effets. »

D’autres fois, c’étaient « des lumières produites dans des chambres obscures ; tantôt une illumination graduelle suffisante pour la perception des plus minutieux objets, tantôt une clarté phosphorescente se glissant, tremblante, le long des murs, ou bien encore des émanations lumineuses s’exhalant de corps humains, ou filant comme des météores à travers l’appartement. »

À New-York, en mai 1852, Hume est envahi par les chercheurs de toute classe et de toute condition, avides de la nouvelle religion spirite et des prodiges qui la prouvent. Le moyen de n’être pas éblouis et fascinés en face de phénomènes tels que celui opéré le 10 mai dans la maison de M. Partridge ?

« M. Hume dit ensuite que deux esprits désiraient se mettre en rapport avec M. P***. Aussitôt, on entendit des bruits et des agitations sourdes, pareils à ceux d’une tempête : mugissements et plaintes du vent, bouillonnement des eaux et fracas des vagues. On croyait entendre le bruit effrayant d’un vaisseau chassant sur ses ancres et en butte à une mer terrible, le craquement de ses jointures, son balancement affreux sur les vagues géantes. La peinture d’un naufrage était si vive, qu’un froid tressaillement courut par