Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/162

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Je m’aperçois que je viens d’écrire à la file toute une collection de mots avec lesquels le lecteur n’est pas encore familiarisé et qui auraient eu besoin d’être précédés d’un aperçu du système palladique, avec quelques éclaircissements. Le lecteur me pardonnera. Je ne suis pas un auteur procédant froidement en méthodiste, disséquant la franc-maçonnerie pour expliquer son anatomie pièce par pièce. Avant tout, moi, je raconte ; et, ayant vécu onze années dans ce monde-là, m’étant habitué au jargon mystique, je laisse forcément échapper des expressions que les initiés seuls comprennent. Mais, que le lecteur se rassure, pour venir un peu après, la traduction de l’argot maçonnique n’en sera pas moins complète.

Le Palladisme, nous le savons, est la haute maçonnerie ; c’est le rite greffé sur les hauts grades et possédant la direction universelle de tous les rites.

Le système, au surplus, est très peu compliqué. Il se compose, en tout, de cinq grades : trois grades masculins, et deux grades féminins. Les grades masculins sont : 1° le Kadosch du Palladium ; 2° le Hiérarque ; 3° le Mage Élu. Les grades féminins sont : 1° L’Élue ; 2° la Maîtresse Templière.

Il ne faudrait pas croire que le premier venu peut entrer dans le Rite Palladique ; jamais je n’y aurais pénétré sans le concours de circonstances exceptionnelles que le lecteur connaît à présent. Pour être reçu carbonaro, il est nécessaire d’avoir au moins le grade de Maître (troisième degré d’initiation dans la maçonnerie ordinaire). De même, le Palladisme ne cherche ses recrues que chez les francs-maçons, et encore il lui faut, pour ses initiations hermétiques, des frères déjà parvenus aux grades philosophiques et cabalistiques. Ainsi un maçon du Rite Écossais, le rite répandu dans le plus grand nombre de pays, ne pourra s’affilier au Palladium que s’il est déjà Chevalier Kadosch (trentième degré) ; un maçon du rite anglo-américain dit Rite d’York ou de Royale Arche, que s’il a déjà le grade templier de Chevalier de Saint-Michel (vingt-septième degré) ; un maçon du Rite de Misraïm, que s’il est pourvu du grade de Grand Inquisiteur Commandeur (soixante-sixième degré). Le nombre de degrés dont se composent les divers rites ne signifie rien, absolument rien ; il en est, comme ceux de Misraïm et de Memphis, où l’on s’est plu à multiplier les grades ; la question essentielle, c’est le degré d’enseignement donné à l’initié ; or, pour ne parler que des trois rites que je viens de citer, c’est seulement aux grades de Kadosch (écossisme), Chevalier de Saint-Michel (York) et Grand Inquisiteur Commandeur (Misraïm) que l’initié doit clairement comprendre, à moins d’être le plus obtus des imbéciles, que c’est vers le satanisme qu’il est dirigé.

Encore, même après ces grades, dans les rites ordinaires, la maçon-