Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/218

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Le grand-maître. — Quelle est ta devise ?

La grande lieutenante. — Maudit soit Adonaï !

Le grand-maître. — Quel Dieu adores-tu ?

La grande lieutenante. — Le Dieu que l’on adore sans superstition.

Le grand-maître. — Quel est ton Credo ?

Récitation du Credo de la maçonnerie palladique, par la grande lieutenante. J’ai déjà reproduit ce document ; voir page 126.)

Le grand-maître. — Quels sont les deux adversaires en ce monde ?

La grande lieutenante. — L’Église et le Temple.

Le grand-maître. — Qu’est-ce que l’Église ?

La grande lieutenante. — La secte des intolérants, fanatiques et aveugles, subordonnant leur raison à leur foi en l’absurde, et dont les prêtres sont fatalement semeurs de la discorde universelle.

Le grand-maître. — Qu’est-ce que le Temple ?

La grande lieutenante. — La communion des tolérants, apôtres par la persuasion, zélateurs éclairés, illuminant les splendeurs de leur foi par la logique de leur raison, et dont les propagandistes sont nécessairement missionnaires de la paix universelle.

Le grand-maître. — Quel est le symbole de l’Église ?

La grande lieutenante. — Le mouton stérile, c’est-à-dire l’emblème du célibat systématique et absolu, auquel le pape Sylvestre Ier substitua l’agneau, afin de voiler aux simples fidèles le vrai sens du symbole ecclésiastique, connu exclusivement des prêtres, seuls initiés. Et l’Église se divise en deux classes bien distinctes : la caste privilégiée des prêtres, dont la chasteté obligatoire est considérée comme marque de supériorité, et la classe subalterne des laïcs ou simples fidèles, à qui le mariage est permis, mais à titre de concession humiliante, dégradante même pour celui qui en use, acceptant ainsi dans sa religion une situation d’infériorité. Et c’est pourquoi, parmi les sacrements de l’Église, celui de l’Ordre, ou consécration du célibat systématique et absolu des prêtres, est tenu en plus grand honneur que celui du Mariage[1].

Le grand-maître. — Quel est le nom du symbole de l’Église dans sa liturgie ?

La grande lieutenante. — Agnus Dei, agneau de Dieu, c’est-à-dire agneau divin, qui, pour les prêtres, se traduit par : la chasteté absolue est divine.

  1. Les termes de cette tirade sont atténués dans ma reproduction, comme beaucoup d’autres passages du rituel de Maîtresse Templière. Néanmoins, je crois pouvoir dire que je fais la lumière aussi complète que possible, ainsi que je l’ai promis. Ne m’adressant pas à un public restreint de gens d’étude, mais bien au grand public, je suis obligé de changer certaines expressions du rituel, qui, dans le document original, sont d’une crudité révoltante. Je reste donc dans le programme que je me suis fixé : éclairer le lecteur, mais en le respectant.