Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/290

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que des phénomènes surnaturels se produisent, bien plus souvent qu’on ne croit, et ces phénomènes ne peuvent être raisonnablement expliqués de la part d’un chrétien que par l’intervention des mauvais esprits, des démons. La science se préoccupe vivement, du reste, de ces choses ; et il faut être ou bien entêté ou bien ignorant pour ne pas savoir, par exemple, que M. le lieutenant-colonel Albert de Rochas d’Aiglun, l’administrateur actuel de l’École polytechnique de Paris, est arrivé, dans ses expériences qui ont fait grand bruit, à obtenir des résultats extraordinaires, consistant notamment à fixer la sensibilité d’une personne sur sa photographie ; de telle façon, que, si l’on pique avec une épingle le visage ou la main de la personne sur la photographie spéciale en question, cette personne, au même moment, ressent la piqûre à distance sur son visage ou sur sa main.

En ce qui concerne la Chine, c’est un fait bien connu que l’envoûtement s’y pratique d’une manière courante. Quand un Chinois bouddhiste soupçonne un de ses compatriotes d’avoir embrassé le catholicisme, il se procure une figurine en terre cuite de très petite dimension, représentant ordinairement un cochon ; il la porte ensuite à un bonze, qui l’asperge en prononçant certaine formule ad hoc ; puis, il enterre la figurine maléficiée dans un cimetière ; et l’opinion générale, en Chine, est que la personne visée par ce sortilège tombe dès lors malade, dépérit, et les Chinois ajoutent même qu’elle meurt. On peut, sur l’authenticité de cette coutume, consulter le Frère Léon-Marie Guerrin, sous-procureur de la Grande-Chartreuse, qui a passé trois années en Chine (de 1864 à 1867), à Kouaï-Thao, province de Canton, et qui pourra certifier, d’après des témoignages de vieux et honnêtes chrétiens avec lesquels il a été en rapport, que les Chinois fanatiques se livrent à ces pratiques démoniaques. On pourra aussi se renseigner auprès de Mgr Chouzy, actuellement vicaire apostolique de Kouang-si, province de Chine voisine du Tonkin. Les sectateurs du diable n’obtiennent certainement pas, en général, les résultats criminels qu’ils se proposent ; et même, la mort n’est jamais obtenue par ces moyens sataniques : mais le fait de l’existence de ces abominables pratiques ne sera nié par personne ayant quelque peu vécu, séjourné en n’importe quelle région du Céleste Empire.

J’en reviens au mannequin du temple de la San-ho-hoeï. Il représentait aux yeux de ces scélérats un missionnaire, non pas le missionnaire tel qu’ils le connaissent chez eux, mais tel qu’ils le savent costumé comme prêtre en France. En effet, les missionnaires, les jésuites surtout, s’habillent et se coiffent à la chinoise dès leur arrivée ; leur seul signe distinctif est le port de la barbe. Or, les sectaires, pour accentuer davantage leur haine, avaient tenu à revêtir leur mannequin d’une soutane. Selon eux, ce