Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/400

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des francs-maçons les plus célèbres, ou, pour mieux dire, les plus tenus en haute estime dans la secte. Beaucoup de niches sont encore vides ; dans l’une d’elles sera placée prochainement la statue d’Albert Pike. La hauteur de cette galerie est celle d’un rez-de-chaussée ordinaire et d’un entresol : c’est là, du reste, la hauteur de toutes les pièces figurant à cet étage dans la partie intérieure de l’immeuble, réservée aux réunions et au culte maçonniques.

Pendant la journée, la grande porte d’entrée de la galerie est fermée à clef. Le soir, il n’en est pas de même ; mais trois frères servants se tiennent en permanence dans la galerie, aux places indiquées sur le plan. Ces frères ont la charge d’indiquer aux initiés qui se présentent le chemin qu’ils doivent prendre pour se rendre à la salle où ils ont affaire ; en d’autres termes, ils veillent ainsi, en se faisant montrer les planches de convocation, à ce que les frères de grades inférieurs n’aillent pas où il ne leur est point permis d’aller.

Deux grands escaliers, à droite et à gauche, conduisent de cette galerie à l’étage supérieur ; les marches, larges et douces à monter, sont en beau marbre blanc et recouvertes d’un chemin en tapis très moëlleux. Sous chacun de ces escaliers se trouve un vestiaire, tenu par un frère servant.

À côté des deux grands escaliers et à chacune des extrémités de la galerie des Statues, il y a une porte, garnie de cuir frappé, qu’il suffit de pousser pour pénétrer dans une antichambre, de 36 mètres carrés de superficie, appelée Parvis du Premier Tuilage. C’est là, en effet, que l’arrivant, s’il n’est pas connu personnellement du gardien de ce parvis, subit un premier examen pour faire constater son affiliation et son grade ; ce qu’il fait en répondant à certaines questions d’ordre et en montrant ses diplôme, patente, bref et autres papiers maçonniques. Il en est de même, du reste, dans tous les temples de la secte, en n’importe quel pays du globe.

Il y a quelques années encore, on n’avait, pour pénétrer, qu’à donner les mots de passe et les réponses aux principales questions d’ordre ; mais, depuis 1886, il n’en est plus ainsi. À la suite des révélations de M. Léo Taxil qui jetèrent un vrai désarroi dans les loges, surtout en Europe, les chefs, émus de ce que cet auteur publia exactement et complètement tous les mots de passe, mots sacrés, questions d’ordre avec leurs réponses, pour chaque grade des divers rites (sauf le palladique) pratiqués en France, ordonnèrent que l’exhibition des papiers authentiques ne serait plus négligée désormais ; il faut même prouver maintenant que l’on est maçon actif, en montrant la feuille personnelle qui est délivrée à chaque frère par sa loge et sur laquelle le trésorier constate que l’on est en règle pour le paiement des cotisations.