Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/468

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tique, et je les mets bien au défi de prouver qu’il y a la moindre erreur sur ceux qu’il me reste encore à donner.

Si Pessina avait été quelque peu malin, s’il avait eu la patience d’attendre la suite de mes révélations, il aurait vu que je n’étais parti en guerre que bien armé de toutes pièces ; il aurait constaté que si ce nom de « docteur Bataille » ne réveille rien dans ses souvenirs, il n’en est pas moins vrai que l’auteur de cet ouvrage connaît sur le bout du doigt tout le misraïmisme, tout l’occultisme et jusqu’aux derniers mystères des triangles palladiques, que nombre de membres de son Suprême Conseil, à lui, Pessina, ne connaissent pas ; il aurait compris, ainsi qu’il le comprend à cette heure, que ce catholique, mieux inspiré que lui, plus habile que lui, et surtout, incontestablement protégé dans son entreprise par une grâce spéciale, parle et écrit en témoin documenté, en homme qui a vu de près ce qu’il raconte et à qui on ne peut opposer que des dénégations vaines.

Cela dit, voici, dans toute sa beauté, la lettre mirifique de Pessina, qui, ne fût-ce que pour s’éviter le ridicule, aurait beaucoup mieux fait de s’exprimer en italien :


Egrèges messieurs Delhomme et Briquet,
éditeurs, rue del’ Abbaye, 13,
Paris.

Pour une étrange combinaison m’est parvenue entre les mains N° 1 et 2 réuni du journal le Diable au xixe siècle, que s’imprime pour vos thipes, et j’ai admiré la pénétration des lâches, masqués sous un faux nom, qu’ont formé le libelle fameux à mon regard. Et je dis libelle fameux, car ils croyant d’être maîtres en calomnie ont devenus des misérables pigmées sans connaissance de quiconque loi maçonnique. Si ça ne fût pas, ou ils eussent fait sottise pour ne se dévoiler pas, ils auraient dû comprendre que mes facultés sont autant limitées, de ne pouvoir pas en aucun moyen accomplir ce que confesse Carbuccia, ni ils auraient signés d’un nom de personne que je ne connais pas.

S’ils se croyent autant à courant des organisations de notre ordre, ils auraient dû savoir que sur moi existe un Conseil Suprême auquel est donné le pouvoir de tout. Donc, le reconte de Carbuccia c’est un libelle.

Mais à part ultérieurs raisonnements, à vous, Messieurs, vous étant prêté d’imprimer sous votre firme des faits injurieux et des calomnies à mon regard, y court l’oblige de me manifester le nom des auteurs, non pour que je leur puisse demander une réparation cavalleresque, car aux calomnieurs et aux anonimes ne se peut concéder l’honneur du traitement que s’agit parmi les geutilhommes, mais seulement pour leur faire faire la personnale connaissance avec le Très Illustre Procureur de la République, qui a des moyens bien soluteurs pour le malheur qui travaille êtres semblables.