Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/592

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« Que sera-ce alors si, au lieu d’opérer les bras dans les habits, j’opère les bras nus ? C’est alors que la contraction du biceps saillant vous crèvera les yeux à chaque roulement. Vous comprenez aussi pourquoi jamais un pseudo-spirite n’opère les bras nus.

« Et cela est anatomique et ne peut se supprimer ou se masquer. En vertu, en effet, de la solidarité des muscles, dès que l’un d’eux ou qu’une masse se contracte, la contraction se propage en onde du centre à la périphérie ou de la périphérie au centre, parce qu’il faut toujours un point d’appui au mouvement, c’est-à-dire à une force, pour entrer en action. Ce point d’appui, le muscle qui doit agir le prend sur un os ; mais comme celui-ci est mobile, il doit à son tour être maintenu immobile par d’autres muscles, lesquels doivent donc pour cela se contracter à leur tour. De là, la solidarité obligatoire dont vous constatez les effets.

« Vous m’avez compris ; tout à l’heure, d’ailleurs, nous allons expérimenter à l’aide d’appareils enregistreurs qui vous enlèveront tout doute.

« Voici donc en ce qui concerne les coups ou les roulements : une contraction musculaire, une simple pression, et tous ces phénomènes se produisent admirablement.

« Combien plus facilement encore ne vais-je pas maintenant produire les phénomènes de coups frappés avec les pieds de la table ?… Voyez comme ma main est bien disposée pour les produire : une légère, très légère poussée en avant, la table bute contre les mains de mes vis-à-vis et bascule, levant naturellement le pied de mon côté, surtout si j’ai en face de moi un intelligent plaisant, comme le docteur Bataille, qui me fasse bien à propos contre-poids et pèse de son côté légèrement en basculant.

« Vous remarquerez, messieurs, dans toutes les séances de pseudo-spiritisme auxquelles vous assisterez, que c’est, je ne dis pas généralement, mais toujours, le pied du côté du médium, c’est-à-dire du simulateur, qui se lève. Vous comprenez maintenant pourquoi : parce que toutes les conditions favorables à cela se produisent et se réunissent en ce cas. Et vous ne verrez jamais, au grand jamais, un des pieds du côté des vis-à-vis se soulever, à moins que le simulateur ne soit beaucoup et beaucoup plus fort que ses vis-à-vis, ce qui arrive uniquement et par exception dans quelques sociétés où l’on se sert comme pseudo-médiums de gaillards robustes et solides, d’anciens militaires, pour lesquels soulever par contre-poids un guéridon sur lequel deux mains reposent n’est rien ; et encore, en ce cas unique, le guéridon sera à pivot central avec trois petits pieds seulement au bas ; le déplacement alors est facile par simple appui, le bord de la table formant levier. Quelle que soit la force du médium, le phénomène ne se produira donc jamais, à de très rares