Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/650

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sons bien maintenant et dont nous pouvons montrer les modifications et les comprendre, ce système nerveux cérébro-spinal, qui devrait commander à tout l’organisme, tout pondérer, étant ordinairement hors des atteintes du grand sympathique, est subitement englobé dans la danse macabre, est atteint de folie à son tour, et, pendant les crises et même dans leurs intervalles, va être à son tour déséquilibré. Alors, l’hystérie bat son plein. La crise que nous allons décrire va nous montrer cela bien.

Voici, en effet, les caractères et l’expression phénoménale de la crise hystérique :

Quelques heures avant qu’elle n’éclate, le malade se sent dans un état tout particulier : il a des vertiges, des éblouissements ; il lui semble que sa tête est vide et que l’intérieur résonne et vibre ; les oreilles bruissent et bourdonnent ; puis, des bouffées alternatives froides et chaudes, montent à la face, laquelle se couvre de sueurs perlées et mates, tandis qu’elle se congestionne vivement ou pâlit ; les mains aussi deviennent mates, et la peau s’horripile. Alors un sentiment de constriction naît aux tempes ; il semble que le front s’étreint d’une barre, tandis qu’un peu de céphalalgie diffuse se produit ; des bluettes, du scotome scintillant même, alternent, suivies de pandiculations, de bâillements, de pleurs. Au milieu de ces différents prodromes qui accusent l’attaque imminente, l’intelligence reste encore nette et lucide, sans la plus légère obnubilation. Puis, tout à coup, après une attente plus ou moins longue, brusquement l’attaque a lieu.

Une contrariété légère, un choc qui passerait absolument inaperçu dans la vie ordinaire, suffisent à la provoquer.

Alors, sans transition et coup sur coup, subintrantes les unes aux autres, les manifestations vont se dérouler.

C’est d’abord la boule, cette constriction particulière avec pinçure qui part de l’épigastre pour remonter jusqu’au larynx, pendant que se produit de l’étouffement et un sentiment comme de strangulation ; une giclée de salive liquide et très claire emplit la bouche en un seul jet ; puis, la bouche se dessèche aussitôt ; alors, immédiatement et sans transition, le malade a perdu connaissance. Si rien ne le retient, il tombe de tout son long sur le sol, et là, la convulsion va se produire aussitôt.

Il y a deux ordres de convulsions qui se suivent toujours et classiquement de la même façon. Les premières sont plutôt des contractures. Etendu sur le dos, on voit le malade serrer les poings, les pouces en dehors, raidir les bras en croix, tourner la tête sur une épaule ou sur l’autre, serrer les jambes, puis soulever lentement le milieu du corps, de façon à former un arc de cercle, dont la corde est le sol et les deux extrémités la tête et les pieds.