Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/652

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écartés du corps, et la tête sera lancée sur une des épaules, sur laquelle elle semblera reposer. Je le répète, ce fait dont on a voulu faire une attitude est un résultat naturel du décubitus agité, une pose des plus ordinaires de la vie usuelle, où quantité de gens dorment ainsi, les bras en l’air ou en croix. Cette forme de décubitus est, en effet, une de celles qui reposent le mieux.

Je m’arrête ici dans cet exposé de ce que l’on a voulu appeler les attitudes passionnelles au cours de la crise. On le voit, ce sont tout au plus des ébauches d’attitudes, des esquisses, et rien de plus.

Pendant cette période, tout s’est détendu chez le malade ; aux contractures a succédé la flaccidité des muscles ; la respiration jusqu’alors hoqueteuse arrêtée fréquemment en inspiration et la cage thoracique pleine d’air pour l’immobiliser et en faire un point d’appui résistant, la respiration, dis-je, devient suspirieuse et s’arrête au contraire en expiration, décongestionnant la face et les veines du cou jusqu’alors gonflées, bleuies ; le masque devient flasque, pâle, blafard ; et le globe de l’œil, jusqu’alors aussi en état de convulsion supérieure et de strabisme interne ou externe convergent, divergent ou opposé, redevient veule, au regard atone ; aux grimaces succède l’air hébété.

Tout, en un mot, annonce, indique la détente. Et la voilà bien, qui se produit rapidement, complète, totale ; et sa caractéristique est que la boule a disparu. Le malade, en effet, ne porte plus à chaque instant la main machinalement à la gorge, comme pour en arracher cette maudite boule, remontée de l’estomac, et qui l’étouffe (boule qui n’est évidemment pas autre chose qu’une névrose momentanée et légère d’une des branches du phrénique). Alors aussi, aux mouvements incohérents succède le calme ; l’hystérique est étendu sur le sol, sans force, flaccide en totalité, pendant que de grosses larmes lui coulent des yeux, inondant sa figure, ou qu’une émission d’urines, d’une abondance quelquefois extraordinaire, a lieu sans qu’il en ait conscience.

Telle est la fin de l’attaque d’hystérie, de la crise à laquelle succède de l’abattement, du sommeil, une sorte d’hébétude qui se prolonge plus ou moins longtemps.

Disons, dès à présent, que la crise ne se reproduira plus qu’à un intervalle long, ou bien qu’elle peut se reproduire immédiatement et qu’on peut assister au spectacle, chez le même malade, d’une série de crises subintrantes les unes aux autres et qui se répètent avec les mêmes caractères. Cette sorte d’état dure quelquefois une heure ou deux.

Je viens de décrire au lecteur, en un tableau abrégé, mais d’une scrupuleuse exactitude scientifique, l’étiologie, c’est-à-dire les origines et la symptomatologie de l’hystérie. Il a pu suivre un malade depuis le début