Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/655

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sibilité fonctionnelle ; il restera raidi, étendu ou contracturé, et si solidement, si énergiquement, que nulle puissance humaine ne parviendra à le faire plier, sans briser les os et amener les plus graves lésions. Cet état absolument involontaire et que le malade ne peut empêcher de se produire volontairement, a une durée irrégulière, de quelques minutes à des mois et des années, et disparaît aussi brusquement qu’il est venu.

Au lieu du bras, ce peut être la jambe ou toute autre partie du corps ; dans ces différents cas, les troubles fonctionnels varieront bien entendu avec la partie lésée.

À cette période, l’hystérie peut prendre les apparences de toutes les maladies des régions sur lesquelles elle se porte, c’est-à-dire desquelles le système nerveux est par elle faussé dans son action ; car n’oublions pas que nous avons affaire ici à des images de maladies, à une mise en scène qui en reproduit nécessairement, avec une remarquable précision imitative, tous les symptômes (puisque la maladie n’est en définitive qu’une physiologie exagérée ou diminuée et que c’est le système nerveux qui préside à cette physiologie), mais que nous n’avons pas affaire à une maladie réelle de la région, et qu’il ne se produit jamais de lésions anatomiques.

La preuve en est que, aussi brusquement qu’il est apparu, le trouble fonctionnel disparaît, quelle qu’ait été sa durée, et cela sans laisser de traces appréciables à sa suite.

Cette période de l’hystérie est la période cataleptique, laquelle au bout d’un certain temps se confond, s’amalgame avec sa précédente, de façon à ce que tantôt il y a crise et catalepsie consécutives, tantôt crise seulement, et tantôt catalepsie seulement sans crise ; l’accès de catalepsie arrivant tandis que le sujet malade en a conscience, garde son entière lucidité d’esprit, ne perd à aucun moment connaissance et assiste à ce qui se passe dans son bras ou sa jambe, mais sans pouvoir l’empêcher ; absolument comme une crampe qui arrive et qu’il faut laisser passer.

C’est alors que se produisent souvent des erreurs de diagnostic, regrettables chez des médecins peu au courant et non prévenus.

Voici par exemple un homme qui tout à coup, au milieu de la santé la plus parfaite, se met à vomir des flots de sang ; il sue, maigrit et tousse ; ses joues se creusent ; sa voix devient rauque, aphone complètement même ; l’auscultation enfin, chose plus curieuse encore, donne à l’oreille tous les signes stéthoscopiques de la phthisie à ses différentes époques : craquements secs, puis humides, sibilants, sous-crépitants, bruits caverneux, etc., etc…, pour les énumérer à vol d’oiseau. Tout y est en un mot, toute la symptomatologie de la phthisie pulmonaire, de la tuberculose au grand complet, sauf la maladie elle-même. C’est une phthisie