Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/657

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Le somnambulisme va nous montrer maintenant ses secrets, curieux mais mon mystérieux, on va le voir.

L’hystérie touche ici de près à une des fonctions de l’âme : elle annihile la personnalité, supprime la volonté comme le fait l’ivresse momentanément, en altérant le fonctionnement de l’organe, de la cellule nerveuse, qui sert à rendre tangibles et à transmettre les manifestations de ce coin du moi. L’homme à l’état de somnambulisme n’est plus conscient, il n’est plus lui, il n’est plus responsable, il est une machine animée mais irréfléchie, dont la volonté, la libre disposition de lui-même a sombré à son insu pour un certain temps.

Le somnambulisme est un état de sommeil, mais non, comme on le croit à tort et ainsi que le mot semble l’indiquer, un état de sommeil physiologique au cours duquel le malade dort, comme dort un homme au cours de la nuit par exemple. Le somnambule ne dort pas ; ses yeux sont grands ouverts ; il va, il vient, il marche, mais il n’en a pas conscience ; il pense, il agit, mais sans conscience aussi ; c’est un automate qui veille et dont le moi est endormi.

Comme la catalepsie, le somnambulisme hystérique peut survenir et survient en général tout à coup accompagné des autres symptômes, ou seul, comme manifestation isolée de l’hystérie. Brusquement, en ce cas, le cerveau de l’hystérique s’obnubile, la volonté se suspend et l’état inconscient arrive en quelques secondes à peine, tandis que toute la machine humaine, cerveau et corps, vont continuer à fonctionner automatiquement : alors il se passe ce qui a lieu dans le rêve ; le cerveau trottant tout seul sans frein, ni bat, sans contrepoids, se promène, et le corps suit sans avoir conscience du temps, de l’espace, de la gravité ou de la légèreté de l’acte impulsif commis, sans se rendre compte du danger couru ou à courir ; l’acte se commet tel qu’il est commandé et pensé par le cerveau.

Quel est le mécanisme de cette obnubilation momentanée, de même que quelle est la cause de tous les phénomènes que nous venons de passer en revue ? La est encore le mystère ; c’est une armoire en bois naturel et sans le plus léger secret, mais dont la science n’a pas encore trouvé la clef.

On comprend, maintenant, si les phénomènes de catalepsie et de somnambulisme se mélangent chez l’hystérique au même moment, combien la crise sera curieuse, et combien les actes et les mouvements qui se commettront ou s’exécuteront paraîtront singuliers.

À une rigidité et à une augmentation singulière de forces, qui paraîtront et seront en réalité extraordinaires, correspondront des actes en apparence extraordinaires aussi : des équilibres sur des toits, des murs, à des