Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/658

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hauteurs vertigineuses, impossibles sans le concours de cet état spécial ; des tenues d’attitudes bizarres qui semblent défier la fatigue humaine et les lois naturelles ; des actes passionnels enfin, admirablement exécutés, de colère, de plaisir, de haine, de crainte, de désir, d’érotisme même (bien que ces derniers tout à fait, je ne saurais trop le répéter, à titre absolument exceptionnel) se dérouleront ; tout un drame ou une comédie, en un mot, où tout sera vrai, sauf la passion qui fera absolument défaut. Le malade, en effet, se réveillera tout à coup, sans le moindre souvenir et au milieu même de l’acte qu’il commet.

Inhibition, phénomènes d’inhibition, tels sont les mots que prononce la science ; arrêt ou phénomènes de modification spéciale, voilà en effet comment il faut comprendre, en l’état actuel des recherches tout au moins, la série de ce qui s’observe dans l’hystérie. C’est un arrêt, une modification, en exagération ou en diminution, des phénomènes vitaux ordinaires, avec inconscience et non participation volontaire du sujet.

Chez l’hystérique, le drame se déroule en général silencieux ; il est bien rare que la parole intervienne autrement que par interjections ou cris ou monosyllabes ; encore est-ce l’exception.

On le voit donc, très nettement, l’hystérie est une maladie, rien autre chose qu’une maladie très régulière dans son cours ; et l’on peut dire que tout irréguliers, intermittents, inattendus, incohérents que soient ou que paraissent les symptômes qui se présentent, ils ont un ordre, une suite ; la maladie court son chemin avec une très régulière et très normale irrégularité.


Mais il y a encore dans l’hystérie un autre symptôme dont je n’ai pas encore parlé, que j’ai, à dessein, tiré hors de pair, pour le mettre bien en vue en lui consacrant d’ores et déjà quelques lignes. De même que dans ce que je viens de décrire, le lecteur a reconnu, en même temps que l’hystérie, l’hypnotisme, et qu’il a pu se dire : « Tiens, mais l’hystérie n’est que de l’hypnotisme naturel, non provoqué, inconscient, ou l’hypnotisme n’est que l’hystérie provoquée », et, ce pensant, il aura été absolument dans le vrai ; de même, ce que je vais lui démontrer maintenant en quelques lignes le fera penser immédiatement à l’envoûtement et à sa réalisation, et là encore il aura raison. J’aurai à développer cela dans un chapitre particulier, à la VIIe partie de cet ouvrage.

Ces symptômes auxquels je fais d’abord allusion sont les altérations, les troubles fonctionnels de la sensibilité.

Voici ce qu’il faut entendre par là :

La crise d’hystérie s’accompagne toujours ou presque toujours d’une perversion de la sensibilité, caractérisée surtout par ce que l’on appelle