Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/799

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part ni sort en ceci ; car ton cœur n’est pas droit devant Dieu. Fais donc pénitence d’une telle méchanceté ; et prie Dieu, afin que peut-être il te pardonne cette pensée de ton cœur. Car je vois que tu es dans un fiel d’amertume et dans des liens d’iniquité. » (Actes des Apôtres, viii.)

Le Mage avait vu là un moyen d’exercer son art magique et de mieux tromper les foules ; il avait essayé de se glisser dans l’Église. Démasqué par saint Pierre, il n’hésita pas à le poursuivre des lors d’une haine mortelle.

« Cet homme, écrit Mgr Fava dans son magnifique ouvrage Jésus-Christ roi éternel, fut pour le chef de l’Église un ennemi acharné ; on le dirait une incarnation de Satan. Après s’être joué des choses sacrées en se faisant chrétien, en apparence du moins, il redevint ce qu’il était, c’est-à-dire mage ou magicien. On le vit travailler par l’éloquence de sa parole, son savoir, qui était grand, et des artifices de toute nature, à empêcher l’apostolat de saint Pierre, qui n’arrivait dans une ville que pour y retrouver les derniers échos de la voix du Mage. Celui-ci fuyait Pierre, qu’il avait appris à connaître ; mais, comme un vrai suppôt du démon, il troublait les esprits et les indisposait contre la vérité chrétienne. »

Longtemps, le rôle qu’a joué Simon le Magicien, aux premiers temps de l’ère chrétienne, a été mal interprété.

« Jusqu’ici, lit-on dans l’abbé Barras, le défaut de renseignements suffisamment complets avait égaré le jugement des historiens sur le rôle de Simon ; on considérait généralement cet hérésiarque comme un imposteur vulgaire, comme un empirique de bas étage, sans portée dans l’esprit, sans relations avec le mouvement intellectuel du passé, sans influence sur l’avenir. La récente découverte du manuscrit des Philosophumena nous a mis sur la trace du vaste système gnostique organisé par Simon le Mage.

« Des fragments considérables, textuellement extraits de l’Évangile de ce pseudo-messie par l’auteur inconnu des Philosophumena, nous permettent d’apprécier dans son ensemble la doctrine du patriarche de l’hérésie.

« Sous le titre d’Apophasis (révélation), Simon le Mage avait fondu, en une ambitieuse synthèse, les principales erreurs du Zend persan, du bouddhisme indien, de l’ésotérisme d’Égypte, de la cabale juive, du platonisme alexandrin et des mythologies polythéistes. Au moment où Philippe vint prêcher à Samarie, le Mage se hâte de se faire initier à la prédication évangélique, comme il s’était fait initier précédemment à la doctrine des hiérogrammates d’Orient. Nul doute qu’en offrant à Pierre une somme d’argent, il ne continuât son procédé habituel vis-à-vis des autres chefs d’écoles.