Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/915

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médicale, — est une maladie qui met en général à l’abri des autres maladies. Cette maladie du système nerveux est, pour ainsi dire, une patente de santé, une libre pratique de bien porter. Cela est curieux, sans doute ; mais c’est la vérité. L’expérience le prouve surabondamment.

L’hystérique, — et nous allons ici le retrouver tout entier, tel que nous le connaissons, — n’est à peu près jamais sérieusement malade de ce l’on appelle une maladie mettant au lit, avec l’existence en danger ; mais, par contre, il est toujours insupportable, toujours mal portant, toujours comme à l’agonie (il le croit, du moins) ; et il éprouve les sensations nettes de ces états, au point de s’y méprendre, au point de tromper quelquefois ceux qui l’observent. En définitive, à force de mourir tous les jours, il ne meurt jamais ; il finit par compter, en sa vie, les jours où il a été obligé de rester au lit… Et quelle symptomatologie, pourtant !… Dans son imagination, le cancer, la phthisie sous toutes ses formes, la méningite, ne l’abandonnent pas à chaque minute, il en meurt, il semble y succomber ; il en a les souffrances, les angoisses, les affres ; il en est le martyr, mais pas l’exécuté… En résumé, il se porte comme un charme ; au point de vue des lésions, ses maladies sont imaginatives, jusqu’à la douleur qu’il éprouve tenace, pénétrante, terrible parfois, et que pourtant, pas plus que la maladie, il n’a en réalité.

Le lecteur connaît trop l’hystérie, par la longue description que je lui en ai faite, pour que j’aie besoin de lui mettre les points sur les i de nouveau, d’entrer encore dans des détails et de m’appesantir sur des faits qui lui sont maintenant familiers. Il les comprend, en saisit la raison et les causes, et il me suffit de les lui signaler d’un mot, de les-lui remémorer en passant.

Eh bien, tandis que l’hystérique n’est jamais malade dans le vrai sens du terme, par contre le possédé, dont le système nerveux est indemne, peut être malade comme tout le monde, et, lorsqu’il l’est, il l’est en réalité, sa santé subit une véritable atteinte, son existence peut être compromise. Mais, dans ces cas, sa maladie revêt un caractère spécial, prend une forme sur laquelle il me faut m’arrêter un instant.

Prenons, par exemple, la méningite, cette horrible et si meurtrière maladie. La méningite, pour les enfants, c’est la mort, en effet, et il est facile de comprendre pourquoi. La méningite est tout simplement une forme de la phthisie, la forme tuberculeuse localisée dans le cerveau sur ses membranes d’enveloppe les méninges, si délicates et si sensibles ; et d’avance l’on comprend qu’il ne peut y avoir guérison en ce cas. Je m’explique.

La tuberculose est une maladie générale, occasionnée par l’absorption d’un bacille spécial qui, en se développant, produit des lésions dans les