Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/945

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l’Église eut à s’occuper de cette malheureuse démoniaque. Les exorcismes eurent lieu jusqu’au 21 juillet 1893, jour de l’expulsion définitive. Ce fut alors que, le triomphe de Dieu ayant mis en colère les écrivains qui, consciemment ou inconsciemment, sont les complices du diable, ceux-ci essayèrent de donner le change au public, prirent les devants auprès de l’opinion en criant à l’hystérie, et réclamèrent l’envoi à la Salpêtrière de Blanche Guyon, qui maintenant était guérie, c’est-à-dire délivrée, et qui depuis a continué à se porter à merveille.

On consulta, à cette occasion, le docteur Luys, en le qualifiant d’ « éminent spécialiste », et notre pseudo-savant matérialiste ne manqua pas de lâcher une de ses balourdises habituelles.

« — Je ne crois pas à la possession, cette vieille fable du moyen-âge, déclara-t-il solennellement au reporter du Matin ; je ne crois donc pas non plus à l’exorcisme… Cette jeune fille eût-elle présenté tous les symptômes dont on a parlé, et serait-elle revenue complètement à la santé, que, même malgré cela, je ne pourrais admettre ni la possession ni l’exorcisme… L’imagination peut, dans certains tempéraments, devenir une puissance autosuggestive et guérir certaines affections nerveuses. Les cures opérées à Lourdes n’ont pas d’autre explication. Cela n’est pas du ressort de la science… Voilà pourquoi je me récuse, tout en regrettant, pour l’intelligence humaine, qu’on remette en circulation ces absurdités. »

Le docteur Luys cité comme faisant autorité ? Vraiment, cela fait rêver. Aussi ai-je tenu à reproduire son interwiew, qui, en somme, nous montre un de ces orgueilleux pédants en plein bafouillage, balbutiant, quand il est mis au pied du mur, n’admettant pas le surnaturel, et reconnaissant que les miracles de Lourdes, qu’il appelle cures, ne sont pas du ressort de la science (de la science humaine, oh ! oui !), et finalement se récusant, parce qu’en réalité chaque possession suivie de délivrance lui ferme la bouche, mais terminant sa consultation par une insolente grossièreté à l’adresse de l’Église.

Heureusement, le Matin, impartial en cette circonstance, a fait de mander aussi et a publié l’avis d’un ecclésiastique des plus compétents en la matière, M. le chanoine Moreau, vicaire général honoraire de Langres, auteur d’un remarquable ouvrage sur l’hypnotisme, approuvé par un grand nombre d’évêques.

Voici donc ce qu’a répondu M. le chanoine Moreau au rédacteur du Matin qui l’interrogeait :


L’exorcisme de Gif soulève une double question : une question de doctrine et une question de fait.