tempérament. Célibat pour l’homme au sang glacé, soit ; mais ne l’imposez à personne, ceci est un crime. » Et, ne songeant pas à un mariage humain, j’ajoutais, dans mon fol orgueil : « Quant à moi, j’ai le droit d’être vierge, puisque je suis toute à l’esprit de lumière qui m’a fait l’honneur de me choisir. » Je ne désapprouvais pas la chasteté en elle-même ; loin de là ! mais mon aveuglement me faisait rabaisser cette vertu à une simple question d’ordre physique, et je blâmais ceux en qui je croyais voir des victimes volontaires, privant d’une nouvelle famille leur patrie et l’humanité. Je m’imaginais que l’Église condamnait au célibat au nom de son dogme, et je maudissais son dogme, et je disais que cela était mal, très mal.
J’ai honte de moi-même, quand je réfléchis à l’obstination que j’eus dans l’erreur. Il faut, en réparation, que je m’humilie publiquement devant tous les catholiques. Dussé-je fournir des armes à la malveillance, donner à qui voudra m’outrager matière à des interprétations calomnieuses, je dirai, — quand rien ne m’oblige à le dire, — que, lorsque j’appris l’existence de la pratique du Pastos, lorsqu’il me fut révélé que j’en avais été dispensée à mon insu, je consultai Asmodée à ce sujet, afin de savoir ce que j’en devais penser.
Je lui dis.
— C’est horrible, c’est infâme, cela.
Il me répondit :
— Non… Notre Dieu Lucifer t’a élue pour donner à tes Frères et à tes Sœurs la meilleure interprétation du dogme ; mais ton droit d’examen s’arrête là… Tu m’es réservée comme épouse ; tu seras toute à moi, quand sera terminée ta mission, et voilà pourquoi tu es ma fiancée… Et tu seras si bien mon épouse, Malgré Adonaï lui-même, que je veux que tu portes ce titre d’épouse du Très Saint Asmodée dès à présent, afin de bien établir en ton esprit que tu es à moi… Tu es, en cette vie, mon épouse spirituelle, et quand tes jours seront finis en Tellus, tu viendras en corps et en âme au Ciel de Feu, où nos noces seront célébrées avec toute la magnificence du Royaume de Lucifer… En cela est la seule raison de ce que la demande de ton père a été agréée ; tu n’appartiens et n’appartiendras à aucun humain ; j’y veille !… Mais garde-toi de jeter le blâme sur ce que tu ne comprends pas. Si l’on a soin de ne pas te faire assister à une formalité qui te répugne, Lucifer le veut ainsi, dans son immense bonté pour toi ; il veut que rien ne te trouble dans l’exercice de ta mission dogmatique… Tu juges contraire à la morale cette formalité rituelle dont tu as été dispensée, non à cause de toi-même ni de ton père, mais à cause de moi ?… Malheureuse ! mais, si tu continuais à parler ainsi, sache que ta bouche proférerait les mêmes paroles que la bouche des ministres de la superstition !… Et ne hais-tu pas la superstition ?