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Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/357

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c’était un décret se rapportant à moi personnellement. J’ai su plus tard que ce décret me dispensa de l’épreuve du Pastos.

Je confiai à mon amie l’enveloppe et son contenu, en la chargeant de les remettre à Mlle Walder. Le lendemain, j’eus la visite de Sophia. Elle me dit que le décret lui avait donné la preuve de ma haute importance dans le Rite, sans ajouter rien autre sur ce point. Nous nous traitâmes l’une l’autre en bonnes amies.

Sophia tenait à ce que l’assemblée d’initiation, dont elle se faisait grande fête, eut lieu le 25 mars. Cette date si mémorable dans la vie de Philalèthe, n’était point pour me déplaire. Nous étions alors dans les premiers jours du mois. Ayant à me rendre hors de Paris, je promis d’y être de retour le 24 au plus tard, et je fus exacte.

Le Triangle Saint-Jacques, qui avait été constitué dès la venue de Mlle Walder en France, était le second Atelier palladique parisien. Il avait son siège au no 63 de la rue du Champ d’Asile, dans le même local où la Mère-Loge le Lotus s’était transportée depuis qu’elle avait quitté la rue de Varennes. Je m’attendais donc à être convoquée à la rue du Champ d’Asile, y ayant assisté déjà à une tenue triangulaire au grade d’Élue.

Mon amie, venant me chercher, me dit :

— Nous allons du côté de Grenelle ?

— Tiens ! pourquoi ?

Elle me donna l’explication. Le local de la rue du Champ d’Asile abrite trois Loges du Rite Français et une Loge du Rite Écossais. Or, en 1885, le 25 mars tombait le quatrième mercredi du mois, jour où le local avait été retenu par la Loge Les Cœurs Unis Indivisibles.

La salle qui fut prêtée à Sophia pour cette séance, dans laquelle je devais recevoir l’initiation de Maîtresse Templière, existe encore et sert plus que jamais aux réunions secrètes d’occultistes. Elle est située à Vaugirard (XVe arrondissement), rue Croix-Nivert, no 154 ; le diable y apparaît fréquemment. Là est le siège de l’occultisme jacobin, vieux legs de la Révolution ; cette mystérieuse école de sorcellerie, née de Catherine Théot et de Robespierre, se nomme l’association des Théophilanthropes, et, pour les imparfaits initiés, elle se masque derrière une Loge du Rite Français, dite les Zélés Philanthropes. C’est là que je vis pour la première fois le Baphomet ; car les Théophilanthropes ont un Baphomet semblable à celui des Palladistes, et, en se qualifiant « jacobins », ils sous-entendent, comme Robespierre : « fils de Jacques Molay ».

Dans le cabinet des réflexions, on ose donna à méditer une poésie intitulée l’Œuvre Maçonnique, composée quelques semaines auparavant par un F▽ de l’orient de Saint-Quentin, journaliste, qui est aujourd’hui l’un des principaux rédacteurs du Voltaire.