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qui se sont élevées au ciel pour moi. La vérité se dégageait peu à peu dans mon esprit ; je voyais de plus en plus clairement que Lucifer est bien Satan, et, comme il ne saurait exister deux Dieux-Mauvais, je me sentais attirée, par une force irrésistible, vers le seul vrai Dieu, vers le Dieu des chrétiens, dieu unique et d’infinie bonté.

Je me remémorais enfin qu’en février 1894 un publiciste catholique, m’avisant d’un ouvrage auquel il travaillait, m’écrivait qu’il y parlait de moi et qu’il terminait ces pages par la prière, de Polyeucte, chrétien, pour Pauline, païenne :


« Seigneur, de vos bontés il faut que je l’obtienne. »


Saisissant l’allusion, je lui avais répondu que je ne m’offensais pas de sa prière, et que, de mon côté, je priais mon Dieu pour lui ; mais j’ajoutais qu’il ne fallait pas compter voir en moi une Pauline. Je réitérai cette affirmation quand le livre parut. « Monsieur, lui écrivis-je et l’autorisant à publier ma lettre, en lisant votre réminiscence de Polyeucte, ceux qui me connaissent diront que je ne serai jamais Pauline ; ils ne se tromperont point. »

Pauline, on le sait, se convertit ; l’Église l’a placée sur les autels. Et la fête de sainte Pauline, c’est le 6 juin !




AMIS CONNUS ET INCONNUS. – Toujours surabondance de lettres ; et l’on me met ainsi dans l’embarras. Enfin, vers le 10 août, les travaux urgents qui ont absorbé mes premières semaines seront à peu près terminés ; je pourrai donc commencer à répondre à chacun.

Lettres courtes, cela va de soi. Dès à présent, je prie chacun de ne pas m’en vouloir. Comment pourrais-je faire autrement ? Par trop de bonté, vraiment on m’a accablée de correspondances. Tout a été classé par ordre alphabétique ; c’est en suivant cet ordre que je répondrai.

Maintenant, je prie aussi qu’on ne m’écrive plus ; car il y aurait pour moi impossibilité matérielle à mener de front travail et correspondance. D’ailleurs, les lettres de pure et bonne amitié, c’est-à-dire celles sans but intéressé, me disent, toutes, les mêmes choses avec la même cordialité, quoiqu’en termes différents. Ne vaut-il pas mieux s’unir par l’âme, en priant des deux côtés ? Le plus important n’est-il pas que je travaille au bien public, puisque Dieu a bien voulu m’appeler au combat pour sa gloire et pour la défense de sa sainte Église ?

Enfin, je prie instamment qu’on ne m’envoie plus rien. Merci néanmoins pour les livres pouvant m’édifier ; mais j’ai dû retourner et je retournerai les objets de valeur.