Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/541

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croyons pouvoir lui promettre d’aider ses recherches. Pour la seconde, nous, nous engageons à payer à raison de dix francs le volume, si petit qu’il soit, jusqu’à concurrence de dix volumes, tout livre impie ayant pour auteur M. Léo Taxil et remis en vente soit par sa femme, soit par toute autre personne, avec sa connivence ou son autorisation, même tacite.

Aussitôt cette proposition publiée, M. Taxil écrivait à M. le chanoine Mustel cette lettre, qu’il est utile de reproduire après la Revue Catholique de Coutances, du 19 février :


« Mon cher Monsieur le Chanoine,

« Comme complément à ce que vous dites dans votre dernier numéro (page 155, lignes 9 à 12), je vous prie de vouloir bien publier la déclaration que voici :

« Non seulement mes anciens ouvrages contre la religion, que j’ai publiquement rétractés, n’ont jamais été réimprimés avec mon consentement ; — mais encore je suis convaincu qu’aucune réimpression clandestine, c’est-à-dire effectuée contre mon gré, n’a été faite, attendu que, dans le monde de la librairie, on sait bien que je n’aurais pas épargné les contrefacteurs.

« En 1890, un éditeur de la rue Saint-Benoît, à Paris, M. Simon, crut pouvoir se permettre de réimprimer un roman anticlérical intitulé : Par la grâce du Saint-Esprit, écrit en collaboration avec M. Fernand Laffont, dont il avait eu l’autorisation. Dès que j’en fus avisé, je fis sommation à l’éditeur d’avoir à mettre sa marchandise au pilon, et il s’exécuta immédiatement ; car j’avais eu soin d’acheter la part de propriété de mon collaborateur. Voilà un fait des plus probants, n’est-ce pas ?

« En voici un autre, plus probant encore : — Au lendemain même de ma conversion, MM. Firmin et Cabirou, imprimeurs à Montpellier, se trouvaient avoir exécuté depuis quelques semaines, pour le compte de la Librairie Anticléricale, un important tirage d’un autre roman impie écrit en collaboration avec M. Jules Fréval et intitulé Tous Tartufes ! Les feuilles tirées, qui allaient être brochées, formaient un total de mille kilogs, si j’ai bonne mémoire. Or, j’étais alors créancier de MM. Firmin et Cabirou pour une somme de 3.000 francs, dans le compte courant que j’avais avec ces messieurs. Pour empêcher la mise en vente des mauvais livres, je fis l’achat de tout le stock contre l’abandon de ma créance, et ces mille kilogs de marchandise anticléricale furent mis au pilon. Le fait doit être à la connaissance de Mgr l’Évêque de Montpellier, à qui je vous prie d’envoyer le numéro de votre Revue contenant ma présente lettre.

« Si M. Eugène Veuillot ou n’importe qui peut produire quelque exemplaire de mes anciens livres impies, imprimé depuis ma rétractation (23 juillet 1885), je lui en offre, moi, mille francs par ouvrage, qu’il s’agisse d’un volume ou d’une simple brochure. Seulement, vous pouvez en être sûr, ce nouveau défi ne sera pas relevé ; car, à l’Univers, on sait parfaitement à quoi s’en tenir.

« Veuillez agréer, mon cher monsieur le Chanoine, l’expression de mes sentiments bien respectueux et dévoués.

« Léo Taxil.

 »