Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cain, mais non pour impie ; car je cachais mon irréligion et ne laissais voir que mon amour déréglé d’indépendance.

Entre camarades, nous avions imaginé, à cette époque, de créer un journal manuscrit, qu’on se passait de main en main aux récréations. Cet organe de la division des grands s’appelait : le Type. Nous étions trois rédacteurs : Étienne Jouve, Léon Magnan et moi. Un autre élève, du nom de Bérenguier, était chargé des illustrations.

Le Type, dans son premier numéro, publia un programme en triolets, dus à Jouve, qui était le barde du collège.

Le triolet, qui me concernait, commençait ainsi :


Fidèle à son rouge drapeau,
Jogand parlera politique.

Je rappelle ce souvenir, uniquement parce qu’il indique bien mes tendances d’alors. J’avais quatorze ans, un brin de moustache, — je fus très précoce, — et je me croyais un personnage. Au lieu de jouer au ballon ou aux barres, je groupais quelques-uns de mes camarades autour de moi, et je leur faisais des cours de politique à ma manière. Après