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M. Royannez tempérait cette frénésie. Il était le sage Nestor qui retenait ce bouillant Achille.

Chez M. Royannez, la vie était placide. On ne cassait pas des soucoupes à coups de pistolet. Il était quelque peu patriarcal, causant ménage avec sa femme, réservant toutes ses théories politiques pour l’éducation de sa fillette Jeanne, — qui devait devenir plus tard madame Clovis Hugues.

Un troisième radical que je connus alors fut un juif, M. Simon Weil. Celui-ci détestait le catholicisme d’abord, l’Empire ensuite. Il m’avait pris en grande amitié. Il me disait souvent :

— Le premier ennemi, c’est le Pape. Quand nous aurons détruit l’Église, tout le reste ira bien.

Mon père ignorait ces relations. Je l’aimais beaucoup et ne me sentais pas le courage de lui avouer mon changement.

Pour ne pas lui déplaire, je l’accompagnais le dimanche à la messe. Quand il communiait, je m’approchais avec lui de la sainte Table, profanant sans scrupule un sacrement auquel je ne croyais plus.

Pourtant, il me répugnait d’agir de la