Le soleil venait de s’éteindre dans l’océan, * et la
nuit allait bientôt couvrir le monde de son manteau
semé d’étoiles.
La mère, assise dans un coin de sa demeure, versait des torrents de larmes, * et essuyait ses yeux humides ;
Et loin, bien loin d’elle, * le fils pleurait aussi.
La distance séparait leurs corps ; * mais leurs cœurs étaient unis par une amère douleur.
Et les persécuteurs se réjouissaient : * ils entouraient leurs têtes de couronnes de fleurs, et leurs lèvres s’humectaient des vins les plus recherchés.
Ils chantaient ; * et leurs bouches infâmes proféraient ces paroles odieuses :
« Gémissez et pleurez, fils et mères ; * gémissez, tandis que nous sommes dans l’allégresse.
« Nous nous réjouissons des larmes de l’enfant ; * les sanglots de la mère font notre bonheur et de notre joie.
« À nous le plaisir, à nous les douceurs de l’ivresse ! Que le nectar coule dans nos coupes argentées ! »
Et l’amphore versait des flots d’un breuvage délicieux ; * et l’encens répandait une odeur des plus suaves.
Cependant, loin du tumulte et du bruit, * au fond d’un noir cachot était le malheureux exilé.
Sa tête, affaiblie par la souffrance, * se reposait sur ses mains chargées de fers ;