Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/67

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Son visage était rouge d’une violente colère, * et son cœur oppressé soulevait par moments sa poitrine.

La rage étincelait dans ses regards, * et des larmes nombreuses s’échappaient de ses paupières.

L’espoir et la crainte, l’amour et la soif de la vengeance agitaient tour à tour son âme, * et la pensée de sa mère lui revenait sans cesse à l’esprit.

« Ah ! s’écriait-il, quelle doit être en ce moment la douleur de ma mère, * de ma bonne mère que j’aime tant !

« Mes oppresseurs sont heureux, sans doute, * et le chagrin inonde le cœur de celle qui m’a donné le jour.

« Ô tyrans, qui m’avez arraché de ses bras, * vos plaisirs ne dureront point ;

« Car l’injure que vous m’avez faite * demande une prompte satisfaction.

« Ô ma mère chérie, * qui me rendra à ton amour ?

« Nos ennemis triomphent, * et la tristesse nous accable.

« Pourquoi n’ai-je point résisté à leurs persécutions ? * pourquoi n’ai-je point levé mon bras contre ceux qui me tendaient des embûches ?

« Pourquoi n’ai-je point ouvert les yeux, quand ils m’entraînaient loin de toi ? * pourquoi me suis-je laissé conduire comme un enfant à la lisière ?

« Pourquoi n’ai-je point encore brisé mes chaînes ? * pourquoi n’ai-je point encore franchi ces murs qui m’environnent ?

« C’est que la colère pèse sur moi ; * c’est que la haine est implacable.

« Qui me délivrera de l’esclavage ? * car ma faiblesse est trop grande !

« Ô ma mère chérie, * qui me rendra à ton amour ?… »