Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/128

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on se mettait tout à coup à danser à croupetons. La verte Akssînia ne faisait que luire et disparaître, et la queue de sa robe faisait du vent. Quelqu’un marcha sur la frange ; Béquille s’écria :

– Eh ! vous avez arraché une plinthe là-bas, les enfants !

Les yeux d’Akssînia, gris et naïfs, bougeaient rarement, et sur son visage jouait sans cesse un sourire naïf : il y avait quelque chose de serpentin dans ces yeux fixes, dans sa petite tête sur un long col, et dans sa sveltesse. Habillée de vert avec un corsage jaune, souriante, elle regardait, comme une vipère au printemps, dans le seigle vert, levant et allongeant la tête, regarde un passant. Les Khrymine étaient très familiers avec elle et on pouvait remarquer qu’avec l’aîné elle était depuis longtemps déjà dans les relations les plus intimes. Le sourd ne comprenait rien et ne la regardait pas ; il était assis, les jambes croisées, mangeant des noix qu’il cassait entre ses dents avec un bruit si fort qu’il semblait tirer des coups de pistolet.

Soudain le vieux Tsyboûkine vint au milieu de la salle, et, levant en l’air son mouchoir, fit signe qu’il voulait lui aussi danser la danse russe. Un bruit d’approbation courut dans toute la maison et dans la cour parmi la foule.

Il va danser ! Lui-même va danser !

Varvâra dansa, et Tsyboûkine ne fit que balancer