Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/129

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son mouchoir et marquer la mesure avec les talons ; mais ceux qui, dans la cour, penchés l’un sur l’autre, regardaient par les fenêtres, étaient en extase ; et ils lui pardonnèrent tout pour un instant, et sa richesse et ses tromperies.

– Tu es un gaillard, Grigôri Pétrov, cria-t-on dans la foule. Va, marche ! C’est signe que tu peux encore faire quelque chose ! Ha, ha, ha !…

La fête finit vers deux heures du matin. Anîssime, titubant, fit le tour de la salle pour remercier les chanteurs et les musiciens, et il donna à chacun une pièce de cinquante kopeks neuve. Son père ne chancelait pas, mais s’arrêtait sur chaque jambe. Il accompagnait les invités, disant à chacun :

– La noce a coûté deux mille roubles.

Quand on fut dispersé, quelqu’un se trouva avoir changé un bon surtout pour un vieux à l’aubergiste de Ghikâlovo. Anîssime s’échauffa et se mit à crier :

– Arrête ! Je vais le trouver tout de suite. Je sais qui a volé ça ! Arrête !

Il s’élança dans la rue, se précipita sur quelqu’un ; on l’attrapa, on le ramena sous le bras à la maison et on le poussa, rouge de colère, saoul et tout suant, dans la chambre dans laquelle la tante avait déjà déshabillé Lîpa. Et on l’y ferma.