Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/89

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quoi vous soigner… Mon cher ami, le docteur et moi, nous vous en supplions de tout notre cœur, suivez notre conseil : entrez à l’hôpital ! Vous y aurez une nourriture saine, un régime et des soins ; Eugène Fiôdorovitch, bien qu’il soit (nous pouvons le dire entre nous) mal élevé, connaît son affaire : on peut se fier à lui entièrement. Il m’a donné sa parole de s’occuper de vous.

André Efîmytch fut touché de cette sollicitude sincère et des larmes qui brillèrent tout à coup sur les joues du maître de poste.

– Estimable ami, détrompez-vous… balbutia-t-il, mettant la main sur son cœur ; détrompez-vous ! Il y a erreur ! Je n’ai d’autre maladie que de n’avoir, en vingt années, trouvé dans cette ville qu’un homme spirituel et c’était un fou. Je n’ai aucune maladie. Je suis seulement tombé dans un cercle fatal et sans issue. Tout m’est égal ; je suis prêt à tout.

– Entrez à l’hôpital, mon cher ami !

– Tout m’est égal, jusqu’à la fosse.

– Mon petit pigeon, donnez-moi votre parole que vous écouterez en tout Eugène Fiôdorovitch !

– Vous le voulez, je vous donne ma parole. Mais je vous le répète, estimable ami, je suis tombé dans un cercle fatal. Tout maintenant, jusqu’à la sincère compassion de mes amis, me pousse au