Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/117

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TSAÏ-YONG.

Mon père, daignez m’écouter. Ce n’est pas que votre fils se refuse à partir. Hélas ! je ne suis retenu ici qu’à cause de votre grand âge, et parce que je prévois des malheurs. Quand j’aurai quitté la maison, dites-moi où est celui qui nourrira et servira mon père et ma mère ?

TCHANG.

Mes bons voisins, voici mon avis ; c’est qu’on doit exhorter le jeune bachelier à faire un tour à la capitale.

MADAME TSAÏ.

Seigneur, ignorez-vous que je n’ai pas dans ma maison sept fils ou huit gendres pour me servir ? je n’ai qu’un fils au monde, voulez-vous qu’il m’abandonne ?

TSAÏ, à sa femme.

Ma femme, quelles paroles se sont échappées de votre bouche ? Si notre fils nous quitte pour aller subir ses examens littéraires, est-ce que nous n’aurons pas un jour dans notre maison des serviteurs en grand nombre ?

MADAME TSAÏ, en colère.

Stupide vieillard, vos yeux sont obscurcis par l’âge, vos oreilles deviennent sourdes, vous ne pouvez plus ni faire un pas ni remuer vos jambes. Quand vous aurez forcé votre fils à partir, s’il survient une inondation, qui viendra à notre secours ? Vous mourrez de faim, si vous manquez de riz ; de froid, si vous n’avez plus de vêtements. Savez-vous cela ?