Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/171

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La satire de la transmigration est une source inépuisable d’amusantes fictions. Je regrette que les philosophes de l’extrême Occident n’aient pas encouragé cette doctrine ; il y aurait encore de beaux jours pour la gaieté. Parmi les situations qui ont le plus séduit l’imagination des auteurs, il en est une qui revient très fréquemment : c’est celle du mari qui a transmigré et qui revient constater, après son décès, combien de temps a duré le deuil de sa veuve, quelle conduite elle observe dans sa douleur, et il va sans dire que les transmigrés n’ont eu que très rarement la consolation de se voir regrettés. Ce sujet est essentiellement comique ; car il oppose le rire aux larmes, les serments éternels aux défections du lendemain, les promesses rassurantes qui bercent le dernier sommeil aux aventures galantes qui adoucissent le veuvage. Ce sont les inconséquences du cœur humain ; il n’y a pas de latitude spéciale pour ces sortes d’antithèses ; elles fleurissent partout. Partout on croit à la sincérité des larmes, à l’éternité de la douleur ; c’est une