Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/334

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restreindre. Il est remarquable que l’on interprète d’une manière aussi contraire au bon sens la culture des tendances naturelles de l’âme humaine. Tandis que les inclinations natives de la défiance seront combattues et qualifiées de sournoiseries, on s’attachera à encourager tous les essais de la confiance et on lui donnera, à titre de récompense, le beau nom de franchise. C’est en adoptant ces fausses dénominations que l’on arrive à intervertir l’ordre des réelles qualités de l’esprit humain.

La confiance, qui est une sorte de crédulité, a pour origine la paresse de l’esprit. En en développant l’exercice, on ne réfléchit pas qu’on annihile une des plus hautes prérogatives de notre race, à savoir la faculté de juger. Certes, si la société n’était composée que d’hommes justes et droits, la confiance réciproque qui unirait les hommes entre eux serait la récompense de la sincérité de leur commerce. Mais il est loin d’en être ainsi, et je ne crois pas qu’il soit osé de dire que s’engager dans la vie avec la confiance pour